Le RIP une issue démocratique à la crise

Le référendum d’initiative partagée (RIP) peut-il être la porte de sortie honorable espérée par nombre d’acteurs politiques et syndicaux ? C’est la question qui fait débat depuis le passage en force de la réforme des retraites. « Ce que j’entends de la part des gens majoritairement opposés à cette réforme, c’est aujourd’hui de la colère et de la déception », rapporte Alexandre Basquin, maire communiste d’Avesnes-les-Aubert (Nord) et président de l’Association départementale des élus communistes et républicains (Adecr). « Cette colère est visible et sourde. Les gens sont épuisés et ne se voient pas travailler deux années de plus. Alors, oui, à part le retrait pur et simple de la réforme, le RIP peut être une solution. » Pour Mélissa Camara, membre du bureau exécutif d’Europe écologie-Les Verts (EELV), cette solution doit être prise au sérieux par l’exécutif. « Le mouvement de contestation a onze journées d’action à son actif, ça n’est pas rien. Cette bataille se mène dans la rue, avec les syndicats, les politiques, les organisations de jeunesse, tandis que la Nupes bataille à l’Assemblée nationale face à un gouvernement qui a utilise toutes les armes réglementaires pour limiter le débat. Et la majorité des Français y est toujours opposée. Le RIP pourrait être une sortie par le haut dans une France divisée comme jamais. » Un point de vue que partage Alexandre Ouizille, président du groupe Gauche républicaine et écologique au conseil régional et élu local dans l’Oise. « L’ensemble de la gauche a déposé un vœu pour que la solution du RIP soit retenue. Mais notre premier souhait est, naturellement, que le projet soit retiré, même si ça ne semble pas être dans la logique du gouvernement. » L’élu s’était déjà beaucoup investi dans le précédent référendum concernant les Aéroports de Paris. « Je pense que ce sujet des retraites va beaucoup plus mobiliser que les autres référendums », prédit Mélissa Camara. « Le sujet touche tout le monde et notam- ment les gens les plus vulnérables. » Alexandre Basquin renchérit : « Un référendum, ce serait l’occasion de donner une bouffée d’oxygène à cette démocratie abîmée. Et il devra se faire autour d’un véritable débat, que les citoyens aient toutes les cartes en main. »