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Les sans-papiers en proie à la rigidité du préfet du Nord

par Philippe Allienne
Publié le 17 février 2023 à 12:38

Les relations entre la préfecture du Nord et les personnes sans-papiers en demande de régularisation n’ont jamais été profondément chaleureuses. Mais depuis la prise de fonction du préfet Georges-François Leclerc, le 19 juillet 2021, elle ne semblent pas près de se réchauffer. Toutes les associations membres de la Codrese, la commission consultative départementale de réexamen des situations administratives des étrangers, le disent. Pour preuve, et contrairement à leur habitude, elles ont été nombreuses à manifester aux côtés du Comité des sans-papiers du Nord, le 8 février dernier, pour réclamer le respect des droits des sans-papiers. Dominique Bernard, pour la Cimade, a d’ailleurs remis un courrier à un représentant de la préfecture et plusieurs personnes ont témoigné de leur situation. « En cause, explique Saïd Bouamama, porte-parole du CSP 59, l’annulation par le préfet d’une réunion de la Codrese et des rendez-vous donnés au compte-goutte. » Mais cela va plus loin : les personnes détentrices d’un titre de séjour (et donc régularisées au moins pour une période déterminée) doivent attendre jusqu’à six mois pour en obtenir le renouvellement. « Cela entraîne des conséquences désastreuses pour les personnes concernées : incertitude, perte d’emploi, précarité... Des dizaines de cas ont été recensés », rapporte le porte-parole. Alors que la Codrese a été constituée pour faciliter l’examen des dossiers, la préfecture se durcit et le représentant de l’État fait du zèle en interprétant les directives de la manière la plus restrictive. Cela intervient dans un contexte particulièrement périlleux qui voit le gouvernement présenter sa nouvelle loi sur l’immigration. Cette loi va encore aggraver les conditions d’insertion et complexifier les délivrances de visas. Elle s’insère en plus dans l’examen par le Parlement du projet de loi sur les retraites et du mouvement social en cours. « Il est d’autant plus difficile d’être visible », souligne Saïd Bouamama. Courant mars, un grand meeting sera organisé avec les syndicats, les politiques et les associations pour dénoncer et combattre ce texte porté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Le CSP 59 prévoit d’autre part de relancer les parrainages citoyens de sans-papiers dès début avril. S’inspirant d’une vieille tradition française appelée « parrainage républicain », ils doivent contribuer à créer un mouvement d’opinion en faveur de la défense des droits des sans-papiers. Une soixantaine de parrains et marraines sont d’ores et déjà recherchés.

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