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Les sept-cents congressistes du PCF mettent le cap sur le travail...

Publié le 14 avril 2023 à 12:29

Durant quatre jours, à Marseille, les communistes ont défini leur stratégie avec l’objectif de ramener la gauche au pouvoir. Le mouvement social actuel est un point d’appui capital aux yeux des congressistes.

Si depuis 2018 les communistes ont organisé leur retour dans le débat politique national, avec le Congrès qui s’est déroulé à Marseille du 7 au 10 avril, ils en ont tiré le bilan et décidé d’amplifier. Leur secrétaire national, Fabien Roussel, a été réélu avec 80,4 % des voix des 700 délégués venus de toute la France, confirmant le vote des militants à la fin du mois de janvier, qui avaient placé la « base commune » de discussion qu’il soutenait à plus de 82 %. À l’issue de quatre journées de débats, les communistes ont dessiné leur feuille de route.

Faire gagner la France du travail

Avec un cap majeur pour le PCF : celui de se redéployer en direction des classes populaires, et tout particulièrement dans le monde du travail. « Nous n’avons qu’un seul but : faire gagner la France du travail et du progrès social », a martelé Fabien Roussel à plusieurs reprise durant le congrès. C’est Aymeric Seassau, en charge du secteur entreprises à la direction nationale du parti qui a résumé l’enjeu : « L’entreprise est un lieu majeur de l’affrontement de classe, c’est pour ça que nous nous acharnons à nous y installer. » Sur le modèle des sections d’entreprises déjà existantes, des réseaux de militants communistes commencent à se développer. C’est le cas chez Thales, dans les banques et les assurances, chez les cheminots, ou dans le secteur aérien. Au niveau national, les communistes affirment vouloir réaliser 10 000 adhésions sur les trois prochaines années. Ils sont actuellement 42 000.

Vers un rassemblement populaire

Le Congrès de Marseille acte également un PCF qui veut regarder au-delà de la Nupes association électorale regroupant les partenaires de la gauche. « Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, mais il faut quand même changer l’eau du bain de temps en temps », a résumé le secrétaire national dans son discours de clôture, jugeant que la Nupes a été un accord de circonstance mais qu’il faut désormais faire « progresser, élargir, dépasser... ». Fabien Roussel a appelé à une « rencontre formelle des chefs de partis, à quatre ». Ce nouveau cadre de rassemblement, les communistes ont commencé à le dessiner en appelant à la construction d’un « nouveau Front populaire ». L’objectif est clairement de briser le « plafond de verre » de la gauche qui reste créditée au mieux de 30 % des intentions de vote, afin de « construire une majorité politique ». Un modèle a été mis en avant à plusieurs reprises durant le congrès : celui de l’intersyndicale dont l’unité a permis le mouvement social contre la réforme des retraites, le plus important en France depuis un demi-siècle. Une unité qui s’est faite autour de la question du travail, une « question centrale pour rassembler », dans les métropoles comme dans les villes moyennes. La stratégie pour les prochains scrutins, notamment les élections européennes de 2024, sera débattue ultérieurement au sein des nouvelles instances élues lors du congrès. Cette conception du rassemblement au-delà de l’accord électoral constitue également pour les communistes une réponse à une menace majeure : celle de l’extrême droite, qui continue son ascension à mesure que la Macronie s’effondre dans l’opinion. La gauche doit selon eux apparaître comme une alternative crédible, capable de gouverner.

Qui sont les représentants du PCF dans les Hauts-de-France

Karine Trottein, secrétaire fédérale du Nord, comptable

« Je me suis engagée dans le Parti suite à l’élection de Nicolas Sarkozy pour lutter contre la direction ultra- libéraliste que prenait le pays. Après un premier mandat plutôt structurant, je souhaite axer la suite sur la formation des adhérents ainsi que sur les thématiques de santé, de culture et du lien avec les collectivités à propos des enjeux liés aux services publics ».

Thierry Aury, secrétaire fédéral de l’Oise, enseignant

« J’ai adhéré au parti en 1979 à l’époque où j’étais secrétaire de l’Union des étudiants communistes à Amiens. Je suis ensuite devenu secrétaire départemental de l’Oise, en 2013. Pour ce mandat, je souhaite faire gagner la gauche avec des élu-e-s communistes dans plusieurs villes importantes de l’Oise ; mais aussi travailler au renouvellement du PCF pour être en phase avec les habitants de nos territoires ».

Arthur Lalan, secrétaire fédéral de la Somme, attaché

« J’ai commencé à militer au parti lorsque j’étais au lycée. Puis, j’ai adhéré à 18 ans à Amiens. Je suis devenu secrétaire fédéral suite à la retraite de Jacky Hénin, en 2021. Pour ce premier mandat officiel, il va me falloir remettre l’organisation à plat et rétablir clairement les rôles de chacun pour que le parti s’étende sur tout le département ».

Hervé Poly, Secrétaire fédéral du Pas-de-Calais, chaudronnier

« Je suis adhérent depuis les années 80 et secrétaire départemental depuis 2008. Pour ces trois prochaines années de mandature, je souhaite participer au redéploiement du PCF et développer la formation de nos militants. Nous devons être à la fois à la porte des entreprises et résoudre les problèmes de services publics et de proximité ».

Yan Ruder, Secrétaire fédéral de l’Aisne, contrôleur des finances

« J’ai adhéré au parti dans le contexte de la lutte contre la réforme des retraites du gouvernement Sarkozy-Fillon, en 2010. Pour ce premier mandat, je souhaite m’inscrire dans la dynamique des « Jours heureux » de remise au premier plan du parti avec Fabien Roussel et développer le nouveau Front populaire dans nos territoires ».