Retraites

Les syndicats prêts à agir sur tous les fronts

par Philippe Allienne
Publié le 7 avril 2023 à 12:45

Secrétaire régionale de la CFDT pour les Hauts-de-France, Perrine Mohr rappelle que l’organisation d’un référendum d’initiative partagée - ou « populaire » - (lire page 10) est une demande de l’intersyndicale qui a été reprise par les parlementaires. Si le Conseil constitutionnel donne une suite favorable, il est clair que les organisations syndicales s’en empareront pour faire en sorte qu’il recueille le plus de signatures possibles. « À la CFDT, nous pensons que c’est jouable, affirme-t-elle. La longueur procédurale d’un RIP entraînera une période de latence qu’il nous faudra gérer. On ne réunit pas 4,8 millions de signatures d’un claquement de doigts. Nous aurons donc à utiliser cette période pour continuer à travailler et à convaincre. » Autre argument de poids pour la centrale de Laurent Berger : l’inquiétude des petites entreprises dans la perspective d’une application de la réforme. « Tout est bon pour faire retirer cette contre-réforme. Passer par un référendum d’initiative partagée, pourquoi pas », affirme Jean- Jacques Leleu, secrétaire général de l’Union départementale Force Ouvrière de la Somme. Au moins, dit-il, cela permettrait une sortie honorable de cette crise. Mais pour FO, comme pour les autres composantes de l’intersyndicale, c’est le retrait rapide du texte qui importe. « Nous ne montons pas au créneau pour le RIP dès maintenant. Si seulement on pouvait assister à une conclusion comme celle qui a eu raison du CPE. » Côté CGT, on ne se précipite pas. À Amiens, la secrétaire générale de l’Union locale, Marion Brusadelli, analyse : « Notre priorité, c’est d’abord obtenir du gouvernement qu’il retire sa réforme. » La réunion entre les représentants de l’intersyndicale et Élisabeth Borne, à la veille de la 11e journée de mobilisation, ne laisse pourtant rien espérer en ce sens. « Alors, poursuit la syndicaliste, nous attendons la décision du Conseil constitutionnel, le 14 avril. » Dans cette perspective, un travail important a été fait pour mettre en évidence les incohérences de la loi. « Si le gouvernement ne prend pas ses responsabilités, nous nous tournerons vers les Sages pour les appeler à faire le travail. » Entendons, annuler le texte. L’hypothèse référendaire arrive donc en troisième position dans les priorités de la CGT. « Si nous allons vers l’organisation d’un RIP, dit encore Marion Brusadelli, on peut raisonnablement se demander ce qu’il va se passer dans les prochaines semaines et au-delà, le processus référendaire étant très long. Car la colère ne va pas retomber et le contexte deviendra explosif. »

LA PAROLE À...

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

« Nous sommes venus demander le retrait de la réforme des retraites (...), la première ministre nous a adressé une fin de non recevoir et choisi de nous renvoyer dans la rue. Nous avons trouvé face à nous un gouvernement radicalisé, obtus et déconnecté ».

Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière.

« Il faut retirer cette loi. Allez-vous retirer cette loi ? La réponse fût Non. Ce qui a conduit les organisations à se lever et à quitter cette réunion qui était à l’initiative d’Elisabeth Borne. On a l’impression qu’on ne vit pas dans le même monde ».

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.

« On est en train de vivre une grave crise démocratique ; on avait une crise sociale qui se transforme en crise démocratique. L’opinion s’est accentuée contre cette réforme depuis début janvier, il y a toujours une même détermination. La sagesse dans une démocratie, c’est d’écouter la démocratie sociale »

François Hommeril, président de la CFE-CGC.

« Il s’agit d’habituer l’opinion à l’idée que la réforme des retraites, c’est passé. Nous n’avons pas mordu à l’hameçon »