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Protection de l’enfance.

Michèle Gréaume réclame un plan d’urgence

Publié le 29 novembre 2022 à 12:25

La conseillère départementale,, et sénatrice du Nord, Michèle Gréaume, est intervenue devant l’assemblée départementale du Nord pour interpeller le président Christian Poiret. En voici les termes.

Les mots ne sont pas les miens, mais ceux de la Défenseure des Droits, Claire Hédon, qui s’est saisie d’office de la situation alarmante de la protection de l’enfance dans le Nord et la Somme. Procédure exceptionnelle qui souligne, s’il le fallait encore, l’insuffisance des investissements et des moyens humains alloués à l’ASE.Elle s’alarme de l’état dramatique de ce service pourtant essentiel et crucial pour l’avenir de milliers d’enfants, à l’appui notamment du reportage diffusé en octobre sur M6. Parmi les manquements relevés, je ne vous apprendrai rien : manque de places en foyer et d’assistants familiaux, placements non exécutés, mesure d’AEMO prises en charge dans des délais pouvant excéder 6 mois, et ruptures dans les parcours des enfants.Ceci est l’aboutissement de multiples alertes. Encore mi-octobre, une tribune co-signée par le syndicat SUD, du personnel du Département du Nord, le Syndicat de la magistrature et le syndicat des avocats de France, explique pourquoi et comment vos choix ont conduit au démantèlement de la protection de l’enfance.

Entre 2015 et 2019, 300 postes de travailleurs sociaux et médico-sociaux de terrain et 700 places en foyers de l’enfance ont été supprimés. Vos choix, car d’autres départements ont refusé de procéder à un tel désengagement, à une telle désintégration de l’ASE.Un «  plan d’urgence pour la protection de l’enfance  » a bien été présenté à l’été 2022. C’est un début, mais c’est beaucoup trop loin du compte. Simple exemple : la réouverture de 150 places en foyers, qui correspond à peine aux besoins du secteur Roubaix-Tourcoing. Et bien entendu, aucune garantie de financement pérenne.Nous répétons inlassablement la même chose depuis des années. Le discours n’est pas entendu. Pas plus que les préconisations de la Mission d’Information et d’Évaluation conduite en 2020 à la demande de notre groupe. Il n’est pas question ici de démagogie ni d’accabler l’ASE. Tous les professionnels voient leur travail, leur engagement salué, y compris par la Défenseure des droits. Toutefois, il est difficile de faire bien avec si peu. Ce n’est pas tant de reconnaissance dont ils ont besoin, que de moyens humains et financiers.Nous considérons que l’Etat doit également prendre sa part de responsabilité. Malgré plusieurs textes législatifs, aucune réelle réflexion nationale et locale n’a été engagée sur le terrain, pour leur mise en application concrète. Tout ne peut pas dépendre du Département, puisque le problème est global sur l’ensemble du territoire national. Mais le Département doit aussi prendre ses responsabilités, le constat de la Défenseure des Droits vous engage Monsieur le Président, et nous engage.

Oui, cela va coûter de l’argent mais ce n’est pas un caprice, c’est une nécessité. Garantir la sécurité de ces enfants, confiés à notre institution et placés sous votre responsabilité, est un devoir. Une politique défaillante en protection de l’enfance, c’est le risque de démolir des vies à peine commencées, le risque de saboter l’existence d’enfants déjà moins bien lotis que les autres. Car, que vous le vouliez ou non, les choix de notre collectivité ont des impacts majeurs et très concrets sur la vie des enfants et jeunes confiés.Juste pour mémoire au Budget Supplémentaire de septembre, vous proposiez de créer 86 postes de coachs emploi pour 3,6 millions d’euros. 29 postes de travailleur social enfance pour 400 000 euros... Vingt-neuf ! A quand un véritable plan d’urgence pour la protection de l’enfance, Monsieur le Président ?

Arras.La colère des professionnels

Les professionnels de la protection de l’enfance ont manifesté leur colère, lundi, à Arras devant l’hôtel du département du Pas-de-Calais. Les griefs sont nombreux : prise en charge déficiente d’enfants placés, manque de moyens financiers, conditions de travail difficiles...Le Pas-de-Calais dénombre 7.000 enfants placés et dispose, pour répondre aux besoins, de 4.267 places en familles d’accueil ainsi que 2487 places au sein d’établissements et de foyers. Très insuffisant, juge le FAFPT CD62 à l’initiative de la protestation. Le syndicat considère qu’il faudrait 200 à 300 assistants familiaux en plus, et réclame également davantage d’embauches de travailleurs sociaux et médico-sociaux.Les enfants placés subissent de nombreux changements de foyers ou de familles d’accueil, lesquelles se retrouvent parfois obligées d’accueillir jusqu’à sept enfants en même temps, deux fois plus qu’il ne faudrait. Cette situation que les professionnels qualifient de « tragique » et que l’on retrouve peu ou prou à l’échelle nationale, a, sur ces enfants, des conséquences graves en matière de repères affectifs, de stabilité mentale, de parcours scolaire. Les enfants souffrent et font souffrir leur famille d’accueil.Un nouveau rassemblement est prévu le 12 décembre prochain lors de la réunion de commission perma-nente du conseil départemental du Pas-de-Calais.