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Les Hauts-de-France dans la journée d’action du 7 mars

par Mourad Guichard
Publié le 6 mars 2023 à 15:25 Mise à jour le 13 mars 2023

Le 7 mars prochain sera-t-elle une journée historique ? La France sera-t-elle à l’arrêt comme le proposent les syndicats ? Nous le saurons le 8 et les jours suivants. En revanche, les échos qui remontent des entreprises, des établissements scolaires et des services publics indiquent une forte mobilisation contre le projet gouvernemental visant à porter à 64 ans l’âge d’accès à la retraite à taux plein à la condition d’avoir cotisé 43 années. Liberté Hebdo donne la parole aux acteurs du monde du travail.

Ils et elles sont manutentionnaires dans la grande distribution, agent des services publics de proximité, enseignants, cheminot, étudiant... Et ont un point commun. Toutes et tous sont engagés dans la lutte contre la réforme des retraites pilotée à marche forcée et avec force mensonges par Élisabeth Borne et ses ministres. Pour autant, parmi ces voix qui expriment aujourd’hui leur colère dans les colonnes de Liberté Hebdo, toutes ne sont pas syndiquées. C’est l’injustice induite par cette réforme qui mobilise et va mobiliser bien au-delà des habituels cercles militants. « Pendant le confinement, nous étions les seuls à rester ouverts, malgré les risques pour notre santé », rapporte ainsi une salariée de la grande distribution. « Deux ou quatre années de plus dans les conditions de travail que nous subissons, ce n’est pas possible. »

Faut-il vivre pour travailler ou travailler pour vivre ?

Cette colère va donner naissance, ce mardi 7 mars, à une nouvelle forme de mobilisation. Celle du blocage pur et simple de l’économie voulu par les centrales syndicales. « Non seulement nous pourrions subir la réforme des retraites, mais nous subissons déjà la casse de notre statut. C’est la double peine », réagit cet électricien d’EDF. Tandis que des mairies vont jusqu’à fermer leurs services les jours de mobilisation, et que d’autres affichent ostensiblement leur soutien au mouvement, des patrons du bâtiment indiquent qu’ils régleront les jours de grève de leurs salariés. Ces acteurs du monde du travail des Hauts-de-France se retrouveront donc le 7 mars dans la rue, sans avoir une idée précise des suites qui seront données au mouvement. Mais avec une exigence affichée que le gouvernement renoue avec la tradition d’écouter la rue.

2 C’est, en millions, le nombre de manifestants recensés dans la France entière, le 19 janvier.

2,8 Quelques jours plus tard, le 31 janvier, la contestation s’amplifiait avec près de trois millions de manifestants.

10 000 C’est le nombre de retraités qui pourraient bénéficier d’une retraite minimale de 1 200 euros, contre les 40 000 initialement annoncés par le gouvernement.

AISNE. CÔTÉ ÉNERGIE

Dominique Thiébaut, secrétaire du syndicat CGT énergie de l’Aisne

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Nous enchaînons les réunions pour faire du 7 mars un succès, la volonté étant de bloquer le pays. Dans l’énergie, les agents sont massivement contre cette réforme qui, au lieu de faire régresser nos droits, devrait aller vers plus de progrès. Ils subissent, par ailleurs, la double peine avec la casse de notre statut qui va mettre fin à la reconnaissance de la pénibilité. N’oublions pas que les électriciens et les gaziers travaillent souvent en extérieur et par tous les temps.

ET EN FRANCE Nationalement, les syndicats de l’énergie appellent à une grève reconductible illimitée. Elle s’accompagnera d’assemblées générales et de piquets de grève. Des coupures de courant ciblées et des livraisons gratuites de gaz et d’électricité sont également prévues.

PAS-DE-CALAIS. CÔTÉ GRANDE DISTRIBUTION

Sylvette Houiller, assistante de vente, déléguée syndicale Force ouvrière à Carrefour Liévin

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Même s’il est difficile de mobiliser pour cette cinquième journée d’action du fait des retenues de salaire, les collègues sont très remontés. Moi qui suis référente handicap, j’en entends beaucoup qui me disent qu’ils n’arriveront pas à travailler deux ou quatre années de plus avec les conditions de travail que nous subissons. C’est comme ça que le gouvernement nous remercie d’avoir été les premiers de corvée durant la crise sanitaire...

ET EN FRANCE Les syndicats de la grande distribution appellent au blocage du pays. Des assemblées générales doivent se tenir dans la foulée du 7 mars pour évoquer les actions à venir. Les syndicats soulignent la faiblesse des salaires et les temps partiels imposés comme frein à une grève illimitée.

NORD. CÔTÉ RAFFINEURS

Clément Mortier, opérateur raffinerie et représentant Force ouvrière à Fort-Mardyck

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On espère un taux de grévistes proche de 100%. Il faut une mobilisation d’envergure et ce sera le cas puisque toutes les branches d’activité ont indiqué prendre part à la grève reconductible. Ce n’est qu’ainsi qu’on se fera entendre. Dès le 7 mars, aucun camion ne sortira du site contre 70 camions habituellement. Avec la reconduite de la grève, en quelques jours, le dépôt de TotalEnergies sera à l’arrêt. Il n’y aura pas de tergiversation.

ET EN FRANCE L’ensemble des organisations syndicales appellent les travailleurs à passer à l’action et à faire grève. Les précédentes mobilisations ont été très suivies avec un taux de grévistes proche de 100 %. Objectif : qu’aucun produit fini ne sorte des dépôts et raffineries.

PAS-DE-CALAIS. CÔTÉ ENSEIGNANTS

Nicolas Penin, CPE et secrétaire général Unsa Hauts-de- France

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Pendant les vacances, les choses ne se sont pas arrêtées. Nous avons manifesté devant le Medef, rencontré un député et préparé la mobilisation du 7 mars. On sait que la mobilisation sera plus forte, elle doit être reproductible et protéiforme pour être efficace et gagner en surprise. Si on n’a pas d’autre choix, on devra aller jusqu’au blocage du pays. C’est regrettable mais c’est la solution extrême pour être légitimement entendu. Le matin, nous serons à Calais et l’après-midi à Lille.

ET EN FRANCE L’ensemble des écoles, des établissements et des services seront à l’arrêt quasi complet ce 7 mars. L’intersyndicale se dit prête à durcir le mouvement dans l’éducation et se réjouit de la mobilisation de la jeunesse.

SOMME. CÔTÉ ÉTUDIANTS

Lucas Bouteiller, président du syndicat étudiant Unef Amiens-Picardie

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Nous serons dans l’action mardi 7 mars, mais aussi les jours suivants. Les étudiants avec lesquels nous échangeons à l’occasion de nos nombreux tractages sont très remontés contre cette réforme des retraites d’autant plus qu’elle intervient après le refus de maintenir le repas à 1 euro. Les jeunes savent que si cette réforme passe, tout passera et que s’ils ne bougent pas maintenant, ils n’auront peut-être jamais le droit à la retraite.

ET EN FRANCE Syndicats d’étudiants et d’enseignants appellent à trois journées d’action du 7 au 9 mars avec, pour deuxième point d’orgue, le 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes. Les étudiants sont également mobilisés pour la sauvegarde de leur système de bourse.

NORD. CÔTÉ CHEMINOTS

Damien Scali, aiguilleur et représentant de proximité CGT à la SNCF

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La journée du 7 mars est une nouvelle forme de mobilisation avec une reconduite dès le 8 mars. L’ensemble des secteurs professionnels ont déposé un préavis de grève. La détermination ne fait que s’accentuer, le mouvement n’est pas du tout en train de faiblir, au contraire. On ne veut pas prendre deux ans ferme avec ce projet de réforme. Le matin, nous serons en AG avec peut-être des piquets de grève et l’après- midi nous serons dans les rues de Lille. On compte gagner ce bras de fer.

ET EN FRANCE Les quatre syndicats représentatifs (CGT-Cheminots, Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail, CFDT-Cheminots) ont lancé un appel à la grève reconductible dès le 7 mars. Ils ont décidé de durcir le mouvement. Il faut s’attendre à un mois de mars compliqué.

NORD ET PAS-DE-CALAIS. CÔTÉ MAIRIES
© Mairie de Somain

Jean Letoquart, maire communiste d’Avion (Pas-de-Calais), a fait le choix de se fier aux syndicats pour fermer ou non les services municipaux les jours de mobilisation. Jusqu’alors, le nombre de grévistes a été tel que les portes de la mairie sont restées closes. Julien Quennesson, son homologue de Somain (Nord), a rejoint le « Mouvement des maires solidaires » et fait apposer une bâche explicite sur le fronton de l’Hôtel de Ville : « Somain se mobilise pour défendre une retraite digne et juste. »

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