RETRAITES

La solidarité de classe des travailleurs belges

Raoul Hedebouw, député fédéral de Belgique

par Philippe Allienne
Publié le 17 janvier 2020 à 18:12 Mise à jour le 20 janvier 2020

Porte-parole du Parti du travail de Belgique, conseiller communal à la ville de Liège et député fédéral depuis les élections législatives du 25 mai 2014, Raoul Hedebouw était présent à la manifestation du samedi 11 janvier contre le projet de réforme des retraites. Auparavant, à la Bourse du travail de Lille-Fives, il a remis un chèque de 5 000 euros pour la caisse de solidarité de la CGT. Les manifestations se sont poursuivies le 14 et 16 janvier.

Pour lui, ce geste de solidarité n’est que le premier. Les 5 000 euros ont été recueillis en deux semaines. « En Belgique , a-t-il expliqué, quand il y a une grève les caisses syndicales aident les salariés à tenir le coup. En France, quand un conflit dure, de nombreux salariés grévistes se retrouvent sans le sou. Tenir le coup relève de l’exploit.

Alors, au PTB, nous avons fait appel à nos sympathisants. » Il a promis de remettre un second chèque très bientôt. Côté CGT, ce type de caisse est très important d’un point de vue psychologique pour les travailleurs. Cet argent récolté chez des ouvriers et des employés, qui montrent ainsi leur participation au combat, constitue un signal fort.

« Nos gouvernements n’ont pas d’assise populaire »

« Vos combats sont indispensables » avait dit auparavant Raoul Hedebouw aux militants venus l’accueillir. En 2014, la Belgique a connu le même combat contre un projet de pensions à points. Pour Raoul Hedebouw, le gouvernement belge a usé de la même technique de communication que celle du gouvernement français actuellement. « Dans un premier temps, le gouvernement a tenté de faire croire qu’il n’y avait pas de soutien populaire à la grève et a assuré qu’il irait jusqu’au bout de sa réforme. Comme Macron aujourd’hui, il ne voulait rien lâcher. Il avait promis d’imposer la pension à points pour les fêtes. Et puis vers janvier, il a reporté au printemps.

De notre côté, nous n’avons rien lâché non plus. Une manifestation a réuni jusqu’à 70 000 personnes. » Au bout du compte, le gouvernement a abandonné son projet. Pour le parlementaire belge, les gouvernements belge et français ont ceci de commun qu’ « ils n’ont pas d’assise populaire. C’est leur faiblesse. Nous avons bon espoir pour le combat que vous menez en France. La retraite à points n’était pas dans le programme présidentiel d’Emmanuel Macron. C’est quoi sa légitimité démocratique ? »

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En tête du cortège, jeudi 16 janvier à Lille.
© Marc Dubois

Un combat pour l’avenir

Pour le député du Nord Alain Bruneel, présent lors de la remise du chèque, « il faut bien mesurer le mouvement qui se réalise dans ce pays. Pendant toute une grande période, on a dit que les syndicats ne servent plus à rien. On laissait la place aux collectifs. Ici, c’est tout le contraire qui se passe. Le mouvement syndical est en première ligne, l’activité syndicale reprend tout son sens. La lutte des classes n’a jamais été aussi forte. La classe ouvrière contre la classe bourgeoise, contre la classe des riches, contre le capitalisme. Nous avons notre mot à dire. Nous nous battons pour l’avenir, celui de nos enfants et de nos petits enfants »