Mobilisation sociale

Les vœux parodiques et protestataires des enseignants

Université de Lille

par Philippe Allienne
Publié le 24 janvier 2020 à 12:25

C’est face à 28 chaises vides, celles du président de l’université de Lille et de ses 27 vice-présidents, que le personnel de l’université en grève a présenté ses vœux ce 22 janvier à la Bourse du travail. Pour être parodique, la cérémonie n’en était pas moins très revendicative.

Pourquoi une cérémonie parodique ? Les vœux officiels de l’université étaient prévus le 14 janvier au siège du Conseil régional des Hauts-de-France. Mais la veille, le président Jean-Christophe Camart a informé les enseignants, à leur stupéfaction, qu’il annulait la cérémonie. En cause : le mouvement social et peut- être la crainte d’une expression des personnels universitaires en grève. C’est donc sur un mode théâtral, et devant plus de 300 participants réunis à la Bourse du travail, que les enseignants se sont adressés non seulement à la gouvernance universitaire mais aussi au président de Région, à la maire de Lille, à la directrice d’académie. Dans la salle, il y avait des professeurs de l’université et de nombreux étudiants mais aussi des enseignants du secondaire et du primaire.

Sans oublier des représentants syndicaux des professions en grève contre le projet de réforme de retraite : rail, santé, avocats, etc. « Pour nous, 2020 commence avec la ferme intention de voir purement et simplement retirer le projet de retraites à points du gouvernement et la conviction qu’il nous faudra nous battre contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) : deux projets dont la mise en œuvre parachèverait la destruction de nos métiers et de notre cohésion collective.  » La retraite : c’est bien le sujet qui fédère le plus l’ensemble des professions.

C’est sur ce premier thème que l’assemblée générale des personnels enseignants-chercheurs et chercheurs des trois départements de sociologie et culture de l’université de Lille ont voté une grève reconductible le 13 janvier. L’autre objet de leur colère, la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, amène, disent-ils, à poursuivre « la précarisation des personnels de l’université tous statuts confondus ». Ils souhaitent qu’elle ne soit ni votée, ni mise en place.

Ils appellent par ailleurs à « ce que l’université de Lille redevienne un lieu où il fait bon transmettre, chercher et réfléchir ». Pour eux, au contraire, le label d’université d’excellence I-Site organise plutôt « une concentration de moyens dans une logique de compétition féroce ».

Parmi les nombreuses revendications exprimées lors de cette cérémonie, nous relevons l’aspiration à de meilleures conditions matérielles (bâtiments chauffés, non amiantés et bien équipés), la titularisation des vacataires (et, en attendant, le paiement de leurs salaires dans des délais normaux et non avec plusieurs semaines de retard), une revalorisation des points d’indice (gelés depuis dix ans) «  qui permettrait à tous les personnels de l’université d’avoir un salaire plus décent  ». Ils plaident enfin pour des mesures contre la précarité des étudiants, pour un accompagnement des étudiants en situation de handicap qui s’inscrive dans les missions du Service public et non sous la tutelle de multinationales, et pour un statut de l’étudiant en exil.