Trains qui ne circulent pas, service des bus et du métro perturbé, tramway bondé et trafic plus fluide que d’habitude sur les axes routiers avec paradoxalement des bouchons sur les autoroutes A25 et A26, actions sur des ronds-points stratégiques comme celui de Grande-Synthe (le rond-point « des parapluies »). Le ton a été donné tôt ce jeudi matin. Puis, les premières manifestations dans la matinée ont donné un avant-goût de l’ampleur du mouvement.
À Tourcoing, 200 personnes se sont réunies devant le centre des impôts avant de marcher vers la mairie. En cours de route, elles ont été rejointes par des jeunes du lycée Colbert qui ont dit leur inquiétude pour l’avenir. À Roubaix, les agents municipaux se sont mobilisés, les écoles et les piscines étaient fermées. Fait marquant, des policiers ont bravé l’interdiction de grève en organisant des « contrôles routiers préventifs », en réalité des barrages filtrants.
Manifestations intergénérationnelles
À Arras, les salariés du service public comme les privés ont constitué un cortège de 4 000 personnes. À Valencienne, les syndicats CGT, Sud, FO, CFTC, les élus (dont la sénatrice Michelle Gréaume), quelques Gilets jaunes ont rassemblé près de 4 000 manifestants. À Boulogne-sur-Mer, ils étaient 3 700 pour le cortège avant une assemblée générale l’après-midi. On en comptait un millier à Calais et 1 700 à Douai. À Dunkerque (5 700 personnes), la CNTPA Ports et Docks a rejoint la manifestation de l’après-midi pour réclamer « un système de retraite plus juste pour tous les salariés de France, une compensation et une anticipation pour les formes de pénibilité au travail, une retraite progressive pour aménager les fins de carrière, le maintien de la retraite à 62 ans et une garantie à 100 % des droits acquis avant 2025 ».
Plus de 15 000 à Lille
Très attendue, la manifestation régionale a drainé plus de 13 000 personnes (selon la police) défilant notamment sous les drapeaux de la CGT, FO, CFTC, CGC, Unsa, Sud. Le chiffre a été corrigé par les directions syndicales qui, en fin d’après-midi, ont annoncé 40 000 personnes. Si des tensions et des heurts ont noirci cette journée, en début et surtout en fin de manifestation (un sapeur pompier à été blessé et placé en garde-à-vue), les participants étaient très diversifiés : cheminots et hospitaliers (qui se sont retrouvés dès midi, avant le départ de la Porte de Paris à 14h30), gaziers, sidérurgistes, pompiers, étudiants, lycéens, enseignants, salariés du privé, auxiliaires de vie dénonçant les temps partiels subis et les incidences sur les retraites. « Actuellement, notre pension ne dépasse pas le minimum vieillesse », expliquait l’un d’entre eux qui, à 32 ans à peine, se demande à quelle sauce il sera mangé dans... 32 ans.
Parmi les partis politiques, une belle délégation du PCF a accompagné le cortège. C’était aussi l’occasion de rappeler la réforme proposée par les communistes pour qui « des solutions existent pour permettre de financer un retour de la retraite à 60 ans, avec un revenu de remplacement net équivalent à 75 % du revenu net d’activité (primes incluses). Il faut notamment faire cotiser les revenus financiers comme les salaires, cela rapporterait 31 milliards d’euros à la branche vieillesse ». Le PCF préconise aussi un système à prestations garanties, fondé sur la solidarité intergénérationnelle et qui corrige les inégalités sociales et d’espérance de vie.
