Loos-lez-Lille

Kennedy, la tour emblématique des Oliveaux, condamnée par la rénovation urbaine

par Philippe Allienne
Publié le 5 avril 2019 à 16:05

Feu sur la tour Kennedy !Dans le quartier populaire des Oliveaux (7000 habitants), à Loos-Lez-Lille, la plupart des habitants de cet immeuble emblématique de 28 étages sont vent debout contre un projet de démolition. Inscrit dans le pro-gramme de renouvellement urbain du quartier, ce projet pose le douloureux problème du relogement pour celles et ceux qui sont là depuis plusieurs décennies.

La tour Kennedy n’est pas seule-ment la plus haute du quartier des Oliveaux. Avec ses 28 étages sur une hauteur de 95 mètres,elle est aussi la plus élevée au nord de Paris. La maire, Anne Voituriez (divers droite) l’a dans le collimateur depuis long-temps. Inaugurée en 1969, elle est indissociable de l’aménagement du quartier entre-pris il y a un demi-siècle. Ses 220 appartements ont toujours permis aux ménages à revenus modestes de se loger dignement.Elle est gérée par le bailleur social Partenord. Le collectif d’habitants constitué pour défendre la tour assure que l’élue veut casser Kennedy depuis son élection, en 2014. Son objectif, disent-ils, est de gentrifier le quartier, d’y amener des bobos et d’y construire des logements étudiants. Bref, la maire, qui n’a pas répondu à nos questions, voudrait la guerre au logement social.

La guerre au logement social

Ce qui est certain, c’est que le quartier,comme 200 considérés « sensibles » en France, fait l’objet d’un projet de rénovation urbaine. L’Agence nationale pour le renouvellement urbain (Anru) l’a retenu en 2014 comme site d’intérêt national. Le Nouveau programme de renouvellement urbain (NPRU) prévoit au total la destruction de cinq immeubles d’habitation du quartier. Outre Kennedy, il s’agit des tours Mermoz (52 logements), Saint Exupéry (52 logements), Touraine (44 logements), et des pavillons Roosevelt (84 logements) et Bretagne (16 logements). A long terme (environ 15 ans), 468 logements sont concernés au total. Mais la tour Kennedy serait la première à disparaître.

Le tracé de la Lino

Anne Voituriez, par ailleurs vice-présidente de la Métropole européenne de Lille (Mel) où elle est en charge de la politique de la ville et... de la rénovation urbaine, veut rassurer les habitants de la tour. Dans un courrier daté du 8 mars, elle leur explique que« La rénovation urbaine d’un quartier comme celui des Oliveaux est porteuse d’espoir : celui d’une vie meilleure dans un cadre de vie embelli. De nouveaux services,des commerces adaptés apporteront fierté et sérénité aux habitants », assure-t-elle.

Améliorer l’attractivité du quartier, lui rendre son « attrait originel » (d’avant 1968) en agissant sur le bâti, aménager d’autres logements. C’est en résumé l’objectif général du programme de rénovation. Les Oliveaux doivent devenir une entrée de ville à vocation métropolitaine.

Mais il est un autre point essentiel à prendre en compte : la future liaison intercommunale nord-ouest (LINO). Cette voie routière, dont la réalisation est en cours, est un projet de la MEL. Elle doit permettre de conforter les pôles de développement Eurasanté et Euratechnologies et de réduire la saturation automobile. Elle doit aussi permettre d’améliorer l’accessibilité entre l’autoroute A25 et la rocade nord-ouest. Elle passera par Eurasanté, Haubourdin, Loos et se prolongera jusqu’à Emmerin (où se pose d’ailleurs un problème de champs captant). A Loos, la Lino doit être raccordée à la rue Vincent Auriol,un accès naturel du quartier.

Dans le projet initial, le tracé de la Lino devait passer loin de la tour Kennedy. Ce n’est plus aujourd’hui le cas. En août 2020,on creusera sous la voie de chemin de fer au droit de la route de Sequedin afin que la nouvelle route intercommunale puisse se diriger sans encombre vers Eurasanté. Et la tour Kennedy, qui est désormais sur son parcours, doit sauter.