Arrêt sur image

À Roubaix, les Archives nationales du monde du travail sont à la page (ou au graf’). Sur son quai de livraison, rue de la Tuilerie, le graffiti coloré représentant l’établissement dans un monde futuriste ne passe pas inaperçu. Avec un message sans équivoque : on peut stocker des archives tout en restant moderne. Un joli pied de nez aux plus circonspects...

La fanfare de l’École centrale de Nantes a fait un détour par Lille, samedi 15 février, avant de prendre la route pour aller jouer à Bruxelles. Cuivres sonnants et sons cuivrants, les tempes tapant au tempo des tambours, les futurs ingénieurs vêtus de costumes chatoyants ont fait valser les Lillois et ont, très involontairement, animé la conférence sur l’égyptologie donnée à deux pas de la Grand’Place.

Fausse scène de crime mais pas pour la frime. Ce mercredi 12 février, en face de la préfecture (Lille), la police technique et scientifique témoignait de son désarroi. En grève depuis le 21 décembre, les experts réclament une adaptation de leur statut de manière à prendre en compte la pénibilité de leurs missions.

Non, il ne s’agit pas de fantômes surgissant d’un mur d’usine. Ces portraits géants sont ceux de riverains de la friche Brunel, à la croisée de Lille-Fives et d’Hellemmes. Un programme de 69 logements en location et en accession sociale va y être réalisé : « Les sheds du coin du monde ». Les portraits y demeureront jusqu’au lancement des travaux, au printemps prochain.

Après de longs mois passés dans l’étang asséché de Sainghin-en-Mélantois, dans l’eau jusqu’au cou désormais, Xipe Totec, « notre seigneur l’Écorché », réfléchit. L’Eldorado-Lille 3 000 c’est fini. Stoïque dans son bain glacial et la brume hivernale, la divinité aztèque, œuvre de l’artiste Fred Martin, garde la tête froide et n’a pas perdu une ride.

Face aux attaques répétées, le mouvement social tient bon. Exemple chez Cargill Haubourdin. La même semaine, deux des leurs ont subi les foudres de la police et de leur direction. L’un a été placé en garde à vue, l’autre a été mis à pied pour avoir défendu ses droits. Quand la police et le patronat se donnent la main, les ouvriers sont verts de rage.

C’était un petit magasin longtemps à l’abandon. Le voilà brillant comme un sou neuf. À deux pas de la place Caulier à Lille, où la détresse est palpable, une boutique vient de fleurir. Elle vend des « bitcoins », une monnaie virtuelle et spéculative, discrète surtout. Il faut montrer patte blanche pour y accéder et disposer de (beaucoup) d’argent liquide...

Tous les arbres ne donnent pas les mêmes fruits. D’un bras noueux émerge de quoi faire tomber une pluie de fruits d’un autre genre. Gare manifestant, il ne faut pas s’arrêter, il ne faut pas toucher au fruit défendu ! N’écoutez pas les serpents qui visent les vitrines. Pensez aux jardins qui vous attendent pour une retraite gagnée en usant les pavés. Ne croyez pas à l’Eden des Gafa.

Même si la place de la République, à Lille, a reçu cette année quelques équipes de cinéastes, réalisateurs et comédiens (celle du Baron noir notamment) il ne s’agit pas ici du tournage du dixième épisode de Star Wars. Nous sommes rue d’Inkermann, à proximité du siège de la fédération Nord du PCF. C’était au soir de la manifestation du 17 décembre contre le projet de réforme des retraites. La police appréciait le très haut degré de participation.

Journalistes malmenés, secret des sources menacé, secret de l’instruction brandi contre le droit d’informer, service public de l’information en berne… Sur fond de défiance vis-à-vis des médias, la liberté de la presse a passé une mauvaise année. Raison de plus pour se montrer très vigilant en 2020. Comme cette étudiante qui manifeste place de la République, à Lille.

La misère serait-elle moins pénible au soleil, comme le chantait autrefois un certain Charles ? À en croire les manifestations dans les rues de Saint-Denis de la Réunion mardi dernier, pas tellement non. Séparés par 9 500 km, les Français de métropole et d’outre-mer s’unissent dans la colère, d’un bout à l’autre de la Terre. De Lille à l’île, il n’y a qu’un pas.

« Promenons-nous dans les bois / Pendant que le loup n’y est pas / Si le loup y était / Il nous mangerait ! » Pensez-vous que dans les bois, les champignons aussi se demandent, comme tous les Français qui se mobilisent en ce moment contre les réformes du gouvernement, à quelle sauce ils vont bien pouvoir être mangés pendant les fêtes de fin d’année… ?