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Côté vélo

Et si le « petit musée » d’Eric Caron devenait grand ?

par JEAN-LOUIS BOUZIN
Publié le 31 janvier 2019 à 16:50

Le cyclisme peut devenir envoûtement. La preuve par Eric Caron qui, depuis plus de quarante, explore son univers.

« Tout a commencé en 1971 avec cet album Panini où l’on collait les photos des champions cyclistes. J’avais neuf ans. Le temps de retrouver les images manquantes, je l’ai terminé en 2010 seulement », explique Eric avant de reposer le dit album parmi la foultitude d’objets qui composent son « petit musée  ». « Cet album et puis la première fois où j’ai vu passer le Tour de France, en 1972, du côté de Serre-Ponçon, ont été les deux déclencheurs de ma passion ».

Une rareté : la casquette d’un coureur de l’ex-RDA.

Le cyclisme, «  mythologie usinée par le peuple  » comme Philippe Bordas l’a si bien dit, n’est pas qu’un sport. Le cyclisme peut devenir envoûtement. La preuve par Eric Caron qui, depuis plus de quarante ans, explore son univers. La confrérie des mordus de la Petite Reine - anciens coursiers, suiveurs, journalistes et autres - ne s’y est pas trompée qui l’a, depuis longtemps, admis en son sein. Eric n’a pas oublié cette belle soirée de clôture de l’exposition qu’il avait organisée l’été dernier à Orchies, et que son ami Jean-Marie Leblanc, naguère directeur du Tour de France, tenait à animer.

Le maillot du « Cannibale »

Cette exposition intitulée En attendant le Tour offrait l’occasion à Eric de partager avec le public sa formidable collection. Imaginez un inventaire à la Prévert, pardon... à la Caron. Cela donne une vaste pièce de son domicile (sans compter le garage) débordant de partout, des piles de magazines, des dizaines de plaques de voitures ou moto (confiées par Richard Diot) estampillées Paris-Roubaix et autres classiques, des fanions à foison, des jeux rares inspirés du sport cycliste, des objets de toutes sortes, des classeurs emplis de centaines de photos de coureurs, des musettes, des bidons, des casquettes, et des maillots bien sûr.

Eric Caron conserve précieusement les photos de ses rencontres avec le nordiste Louis De Bruycker qui lui a légué plusieurs maillots de Jacques Anquetil dont il était le mécano.

Eric en possède plus de trois cents dont les tuniques arc-en-ciel (champion du monde) de Tom Simpson ou Jan Janssen, les jaune, vert, blanc ou à pois encore auréolés de la sueur de quelques géants du Tour de France, ou bien ces cinq-là portés par l’inégalé Jacques Anquetil que son mécano Louis De Bruycker conservait telles des reliques, et dont Eric Caron a hérité. Mais Eric n’est pas peu fier de nous montrer une pièce vraiment unique, le Faema rouge et blanc qu’Eddy Merckx portait lors de sa toute première victoire d’étape sur la Grande boucle en 1969. Fier, car il sera exposé, en juillet prochain, à Bruxelles, d’où le Tour de France 2019 a choisi de s’envoler, justement pour fêter le cinquantenaire de cette première des trente-quatre victoires sur le tour du «  Cannibale  » (surnom donné à l’ogre Merckx).

Sur la piste des caravaniers

Parmi les trésors accumulés, le regard du visiteur ne peut manquer les coureurs miniatures de notre enfance rangés serrés, roue dans roue, derrière des vitrines. «  J’en possède plus de mille  » concède Eric qui a poussé le vice jusqu’à reconstituer un peloton complet du Tour de France des années 1970 avec ses quatorze équipes de dix soit cent quarante-quatre petits coureurs, chaque maillot peint à la main par un spécialiste ! Accompagnés des voitures publicitaires, peintes elles aussi à la main !

Depuis cinq ans, l’ami Eric s’est lancé sur les traces de la caravane du Tour. Et comme il ne fait jamais les choses à moitié, notre homme s’est mis à recenser tous les caravaniers actifs ou retraités. Il en est à mille huit cents qu’il a commencé à contacter pour recueillir leurs témoignages et plus si affinités, c’est à dire des souvenirs, objets ou photos, aptes à étoffer son «  petit musée  ». C’est comme cela qu’il est tombé sur un ancien représentant de chez Faema qui lui a sorti d’un placard une vieille boîte contenant le fameux maillot de Merckx cité plus haut.

Ce maillot porté par Eddy Merckx lors de sa première victoire d’étape au Tour de France 1969 sera exposé en juillet 2019 à Bruxelles, d’où partira la Grande boucle.

Et pourquoi tout cela, nous demanderez-vous ? Eh bien, on va vous le dire. Eric Caron aimerait voir s’ouvrir un vrai musée du vélo dans le Nord où prendraient place sa collection, qu’il ne tient pas à garder égoïstement pour lui seul, mais aussi celles d’autres collectionneurs. Un musée vivant, sur lequel s’adosserait un atelier d’insertion lié à la réparation de cycles et qui viserait à la promotion du vélo dont l’usage revient à la mode. Connaissant le bonhomme, qui est tout sauf un doux rêveur, nous ne serions pas étonnés si, un jour, son «  petit musée  » débouchait sur un vrai musée.