© Pierre Gauyat

Barcelone, arts et lumière

par PIERRE GAUYAT
Publié le 14 juillet 2022 à 18:34

La capitale de la Catalogne est devenue en quelques années une destination de choix pour de nombreux touristes. Il faut dire que les Jeux olympiques de 1992 ont achevé de faire sortir Barcelone la rebelle de la nuit franquiste.

Barcelone est une des plus grandes villes du bassin méditerranéen, riche d’une histoire multiséculaire. Elle est devenue une destination touristique très à la mode, et on comprend pourquoi lorsqu’on visite la ville, même si ce flot de touristes ne va pas sans poser de problèmes, notamment aux Barcelonnais qui se sentent un peu dépossédés de leur ville une bonne partie de l’année. Il faut reconnaître que Barcelone est fascinante par la diversité de ce que l’on peut y voir. Au premier abord, elle paraît assez sage avec ses rues à angle droit qui forment un immense damier composé de centaines de carrés d’une centaine de mètres de côté, l’angle de chaque carré est biseauté offrant ainsi une place carrée arborée où se trouvent souvent des bars, des restaurants ou des supérettes. Ce quadrillage remonte à l’extension, l’Eixample en catalan, du XIXe siècle mais la ville est bien plus ancienne comme en atteste la vieille ville avec le Barri Gòtic, le quartier Gothique, ou El Raval qui ne sont pas quadrillés, de même que les villages comme Gràcia ou Sarrià qui ont été absorbés par la ville tout en gardant leur caractère villageois. Il ne faut pas hésiter à sortir des lieux les plus touristiques pour se balader dans des quartiers plus authentiquement barcelonais.

Des quartiers authentiques

On y fait parfois de curieuses rencontres comme en descendant de la colline de Montjuïc et du village olympique vers le quartier de Poble Sec et de Sant Antoni, une plaque sur un mur signale que la maison a vu naître Francesc Boix, communiste, combattant républicain, déporté à Mauthausen, en 1941. Il était photographe professionnel ce qui lui a permis de subtiliser des milliers de clichés d’identification de prisonniers mais aussi de SS, qui se sont révélés bien utiles lors de son témoignage au procès de Nuremberg. Cela rappelle que Barcelone était la seconde capitale de la République espagnole entre 1936 et 1939. Autre symbole qui se rattache à cette époque sanglante et exaltante, la place George-Orwell, située dans le Barri Gotìc, qui honore l’auteur d’Hommage à la Catalogne, dans lequel il raconte son expérience de milicien républicain, notamment à Barcelone.

Arpenter la Rambla

Barcelone est une ville méditerranéenne où règnent le soleil et la chaleur. Pour lutter contre les assauts de leurs ardeurs, les rues sont souvent ombragées par des platanes qui apportent une fraîcheur bien venue en particulier sur ces boulevards piétonniers appelés « Rambla ». Il y en a plusieurs dans la ville dont le plus majestueux descend de la place de Catalunya jusqu’au port sur plus d’un kilomètre, séparant le Barri Gòtic de celui d’El Raval, quartier populaire malfamé aussi connu comme le Barrio Chino, où vous pourrez encore croiser les ombres des personnages des romans de Manuel Vázquez Montalbán. La Rambla reste le lieu de promenade favori des Barcelonais comme des touristes qui se retrouvent en nombre entre les terrasses de café et les vendeurs à la sauvette.

La Pedrera, immeuble moderniste (art nouveau) réalisé par Gaudí.
© Pierre Gauyat

La touche Gaudí

Barcelone est également connue pour abriter de nombreuses réalisations de l’architecte Antoni Gaudí, édifiées entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Ses œuvres sont encore visibles de nos jours comme la Pedrera, un immeuble moderniste (art nouveau) remarquable à ses courbes, que l’on dirait de carton-pâte, avec des balustrades de balcon métalliques tout en circonvolutions. L’ensemble évoque une falaise et les garde-corps, les algues et les embruns. Poétique… Gaudí est aussi à l’origine d’un projet assez fou sur les hauteurs de Barcelone, dans le quartier Gràcia, le Parc Güell. À l’origine, il devait être un lieu de villégiature pour les plus fortunés mais le projet ayant avorté, il a été ouvert au public qui peut profiter de ce grand parc qui offre des vues superbes sur la ville de Barcelone et la mer, situées en contre-bas. Le Parc Güell est célèbre pour ses monuments recouverts de mosaïque comme la salamandre multicolore qui orne le grand escalier qui conduit à la Sala Hipóstila, véritable forêt de colonnes doriques qui soutiennent un plafond entièrement réalisé en mosaïque. Au-dessus se trouve un vaste espace qui accueille le fameux banc de Trencadis qui ondoie comme un serpent le long de l’esplanade. Il est lui aussi recouvert de mosaïque de toutes les couleurs du plus bel effet.

Forêt de colonnes doriques de la Sala Hipóstila.
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Le mythique Camp Nou

On ne peut évoquer Barcelone sans parler du Camp Nou, le stade mythique du célèbre FC Barcelona, plus connu sous son diminutif affectueux, le Barça. Véritable institution barcelonaise, le club de foot est un des éléments de l’identité catalane. Pendant la dictature, on se rendait au Camp Nou autant pour le spectacle footballistique que pour manifester contre Franco. La semaine prochaine, vous retrouverez dans un second volet une autre institution religieuse barcelonaise, la Sagrada Família, la cathédrale de Gaudí, en construction depuis 1882.