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À Argoules (Somme)

Détour estival à Valloires

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 8 juillet 2022 à 12:26

À la frontière du Pas-de-Calais, au cœur de la campagne picarde, l’abbaye de Valloires et ses jardins sont propices au dépaysement. Comme l’an dernier, la saison estivale y sera marquée par un « son et lumière » du plus bel effet.

L’abbaye de Valloires : immersion dans un passé jadis florissant

Non loin de la Baie de Somme, l’abbaye de Valloires s’offre aux visiteurs dans son écrin de verdure. Ses origines remontent au XIIe siècle quand le comte du lieu propose à des moines cisterciens de s’installer au cœur du pays de Ponthieu. C’est chose faite en 1758. À l’âge d’or des débuts succède, du XIVe au XVIIe siècle, une période de déclin marquée par les guerres et les pillages. En 1741, des réparations précipitées entraînent la chute du clocher sur l’abbatiale provoquant sa destruction. L’heure est à la reconstruction à l’identique effective en 1756. Aujourd’hui encore, un poirier qui déploie ses bras majestueux sur la façade rappelle l’évènement. Abandonnée par les religieux à la Révolution, rachetée et protégée par un noble du cru, l’abbaye échappe alors au démantèlement. Au XIXe siècle, la congrégation de Saint-Vincent-de-Paul y érige un orphelinat agricole…

Protection de l’enfance

En 1922, Thérèse Papillon [1], une infirmière de la Croix-Rouge, sensible à la malnutrition qui affecte la jeunesse, y met en place un préventorium à l’attention d’enfants menacés ou affectés par la tuberculose. Devenue propriétaire, l’Association de Valloires entreprend la modernisation (électricité, chauffage central au sol) d’un site qui va accueillir jusqu’à 300 pensionnaires qu’il s’agit de remettre sur pied avant de les rendre à leurs parents. Cette institution fonctionnera jusqu’au milieu des années 1970. Aujourd’hui, l’association accueille des jeunes de moins de 18 ans d’une Maison d’enfants à caractère social (MECS).

Visites guidées

Des visites exclusivement guidées y sont organisées. Parmi les incontournables : la salle capitulaire, le réfectoire ou encore l’église abbatiale. S’il y est encore loisible d’organiser des séminaires ou des repas de mariage, il n’est plus possible d’y loger, le service d’hostellerie ayant été interrompu, il y a quelques mois. « Des travaux de restauration étaient nécessaires. L’association a décidé de ne pas les entreprendre », souligne Myriam Beaujault, la directrice des affaires culturelles. C’est elle qui a concocté un programme des plus alléchants le week-end dernier, à l’occasion du centenaire de l’association. Une logique d’animations à travers des spectacles qu’elle souhaite poursuivre ces prochains mois. Dans l’immédiat, c’est à un « son et lumière » que les visiteurs sont conviés cet été.

On a fêté le centenaire de l’Association de Valloires le week-end dernier.
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Abbaye de Valloires à Argoules : sept visites guidées d’une heure par jour de 10 h 30 à 17 h 30 en juillet et août. Un « son et lumière » conçu par Bruno Seillier, la référence des spectacles nocturnes, y est proposé chaque soir du 20 juillet au 28 août. Tarifs et réservation sur valloires.fr. Rens. au 03 22 29 62 33.

Les jardins de Valloires : un hymne à la nature

Depuis 1987, le Syndicat mixte Baie de Somme-Grand Littoral Picard gère des jardins situés au pied de l’abbaye. Ils sont l’œuvre du paysagiste Gilles Clément qui s’est appuyé sur la collection du pépiniériste Jean-Louis Cousin. Ils recèlent plus de 5 000 espèces réparties sur huit hectares. 35 ans plus tard, ces jardins ont acquis une belle maturité végétale. La roseraie en constitue l’une des attractions phares. « Découpée en carrés, elle évoque le temps où les moines avaient chacun la responsabilité de leur parcelle, y cultivant des plantes potagères, médicinales… », indique-t-on du côté du syndicat mixte. 80 variétés y cohabitent dont la fameuse « Rose de Picardy ». Le Jardin de marais à l’ambiance sauvage rappelle qu’un bras de l’Authie y coulait jadis. Quant au Jardins des cinq sens riche en plantes aromatiques, il offre d’émoustiller vos papilles. Tout comme l’allée des cerisiers composée de curieux arbres à fleurs « Mont Fuji » au port horizontal, suscite l’émerveillement au printemps. En 2003 a été pensé un nouvel espace en hommage au naturaliste Baptiste Lamarck, originaire de l’Amiénois et auteur des premières théories de l’évolution. On y découvre de façon chronologique la vie des plantes depuis 400 millions d’années du Ginkgo biloba à la marguerite.

Des jardins aux saveurs multiples sur huit hectares.
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La roseraie est l’une des attractions principales du site.
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Notes :

[1Pour avoir sauvé des enfants juifs d’un funeste destin durant la Seconde Guerre mondiale, Israël élèvera, en 2017 à titre posthume, Thérèse Papillon (1886-1983) au rang de Juste parmi les Nations. Sa vie a fait l’objet d’un roman Mademoiselle Papillon, d’Alia Cardyn.