©Pierre Gauyat

Notre-Dame de Barcelone

par PIERRE GAUYAT
Publié le 26 juillet 2022 à 15:36

Barcelone est également célèbre pour sa basilique, la « Sagrada Familia », en construction depuis 1882. Elle est aujourd’hui la seule basilique en chantier en Europe et sans doute dans le monde.

La « Sagrada Familia », la Sainte Famille en français, est en travaux depuis près d’un siècle et demi, c’est-à-dire plus longtemps que Notre-Dame de Paris, érigée au Moyen-Âge. Le chantier se poursuit, comme en attestent les grues qui surplombent les flèches et la nef, mais la basilique est ouverte au public. Elle n’est pas de dimensions exceptionnelles car elle tient sur un des carrés de 113 mètres de côté, caractéristiques de l’architecture urbaine de Barcelone. En revanche, elle se déploie vers le haut, comme si elle aussi partait à l’assaut du ciel. Le monument est très impressionnant tant ses 18 tours, mesurant de 98 à 170 mètres, semblent se hausser les unes par rapport aux autres dans une course à la grandeur, tels les gratte-ciel de la Skyline à New-York. Les mauvais esprits, et les anticléricaux fanatiques, ne manqueront pas de comparer la basilique au château de la Belle au bois dormant à Disneyland. C’est faire beaucoup d’honneur à la souris yankee. L’architecture de la basilique est issue de la pensée d’Antoní Gaudí et on reconnaît bien la patte du maître barcelonais derrière chaque élément inspiré de l’école moderniste, l’art nouveau dirait-on en France, qui a bouleversé l’architecture à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème.

L’accès s’effectue par la façade de la Nativité
© Pierre Gauyat

L’accès s’effectue par la façade la Nativité qui donne l’impression d’entrer dans une grotte qui évoque celle de Lourdes, dont la statuaire, qui rappelle les cathédrales gothiques, représente des scènes de la naissance du Christ. Il faut dire que si Gaudí est profondément moderne, il n’en demeure pas moins qu’il s’inspire de ses prédécesseurs. Cette impression est confirmée par la partie gauche de cette façade qui est tout droit issue du style flamboyant. À terme, la basilique doit avoir deux autres accès, l’un est construit, la façade de la Passion et l’autre, la façade de la Gloire, est en cours de réalisation. La façade de la Passion, qui est le pendant de la façade de la Nativité, de la naissance à la mort du Christ, présente la Cène et la Passion du Christ qui monte en croix. Les statues émaciées qui représentent les protagonistes dans les différents tableaux ne sont pas sans rappeler les déportés des camps nazis dessinés par Boris Taslitzky. Cette façade est autant dépouillée que celle de la Nativité est baroque et surchargée. La façade de la Passion comporte de nombreux cryptogrammes, dont le plus célèbre est le carré magique de 16 cases dont les nombres et les chiffres, quand on les additionne, forment le nombre 33 dans tous les sens, ce Notre-Dame de Barcelone qui correspond à l’âge du Christ au moment de sa mort. Sur la porte sud de la nef qui s’ouvre sur la façade de la Gloire, future entrée principale de l’édifice, encore en construction, on peut lire, gravée dans le bronze, le « Notre Père » dans 49 langues dont la version en catalan apparaît en relief au milieu des deux battants. Si l’aspect extérieur de la basilique est impressionnant, dès que le visiteur accède à l’intérieur du bâtiment il comprend que, finalement, il n’a encore rien vu tant tout y est surdimensionné, lumineux, décoré avec le plus grand soin. Quand on lève les yeux vers le plafond éclairé par de hautes fenêtres qui permettent à la lumière d’inonder toute la nef, on remarque que les piliers qui soutiennent la voûte se ramifient vers le plafond permettant de soutenir la masse de la cathédrale tout en gardant une certaine finesse. Le soleil, en passant au travers des vitraux, pénètre dans le bâtiment le baignant d’une lumière tamisée qui lui donne des couleurs irréelles. L’ensemble donne l’impression d’être sous la ramure d’une forêt. Si cet édifice est clairement un lieu de culte où ceux qui le souhaitent peuvent prier dans une partie de la nef réservée à cet effet, nul besoin d’être croyant pour le visiter, tant il est devenu une attraction touristique incontournable pour tous ceux qui visitent Barcelone. La fin du chantier est prévue pour 2026 pour le gros œuvre et 2032 pour les finitions, soit 150 ans après la pose de la première pierre... et sur cette pierre, Gaudí a bâti son église.

La porte de la Gloire
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la voûte de la nef
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