©Collectif Renart
Métropole lilloise

Balade à la découverte de l’art urbain

par Reyhan Unlu
Publié le 16 juillet 2021 à 11:37 Mise à jour le 24 juillet 2021

Né dans les années 90, le street art se développe et se détache peu à peu de son image « voyou  », attirant un public plus large. Le Collectif Renart participe au développement de cet art urbain par l’organisation d’une biennale qui lui est dédiée et de nombreuses visites guidées dans la métropole lilloise. Nous les avons suivis lors d’une visite dans Wazemmes.

C’est Monsieur Cana qui a fondé le Collectif Renart, composé de passionnés d’art mural, de militants et d’artistes dès l’émergence de ce mouvement artistique. Aujourd’hui, nous explique notre guide, l’association repose sur quatre valeurs : «  l’accès à l’art pour tous », «  le développement et la mise en valeur de l’art contemporain », « la formation des professionnels de l’animation  » ainsi que «  l’émergence de projets d’éducation populaire, d’échange et de solidarité internationale  ».

Une centaine d’artistes internationaux

© Reyhan ÜNLÜ

C’est dans ce cadre que le Collectif Renart propose des visites guidées dans les quartiers Saint-Sauveur, Moulins et Wazemmes à Lille, en compagnie d’un bénévole de l’association lors de la Biennale internationale d’art mural (BIAM), qu’elle organise depuis 2013. À cette occasion, le collectif négocie, en accord avec la Ville, des murs disponibles pour y réaliser des œuvres qui pourront être vues de tous pendant au moins six ans, afin de donner une place plus importante à ces artistes dans l’espace public. « Après six années, c’est une centaine d’artistes que nous avons invités de part et d’autre de la planète, pour la diversité de leurs techniques » nous explique notre guide.

Après cette introduction, il est temps de démarrer véritablement la visite. Elle commence au pied du métro Gambetta, devant la grande fresque créée par Jober et Poes, deux artistes français qui apprécient travailler ensemble autour d’œuvres racontant des histoires. Celle-ci sort tout droit de L’Épopée de Gilgamesh, racontant son combat contre Humbaba, démon gardien de la forêt où vivent les dieux.

La péruvienne Jade Rivera affiche les conséquences du déréglement climatique en grand sur les murs de la ville.
© Reyhan ÜNLÜ

Sur un fond bleu, la fresque reste très colorée, le guide attire notre attention sur les petits détails que l’on n’aurait peut-être pas remarqué tout seul : autour d’Humbaba, de nombreux petits animaux se cachent dans les arbres en forme de champignons. Notre se visite se poursuit dans le quartier de Wazemmes autour de plusieurs œuvres réalisées directement sur les rideaux de fer des magasins. Nous arrivons finalement à une création française de Shure et Meda datant de la toute première BIAM, en 2013, une œuvre tout en hauteur qui donne l’impression d’une ville qui s’entasse avec tous ses immeubles qui fleurissent les uns sur les autres. Les couleurs ont certes terni avec le temps mais dans ce quartier, souvent victime de clichés, notre guide nous explique que le respect de l’art y est bien présent, puisque depuis huit ans, personne n’a abîmé le mur qui porte cette œuvre. Au travers de cette visite, on apprend aussi la différence entre pochoir, graffiti et autres techniques d’art mural, plus complexe qu’il n’y paraît, jusqu’à arriver rue des Sarrazins. Au numéro 65 se trouve la dernière œuvre que l’on pourra admirer aujourd’hui, celle de l’artiste Jade Rivera, venue du Pérou spécialement pour la BIAM de 2019. On y voit un couple qui semble quitter sa banquise, l’homme emmène sur son dos un morceau d’iceberg tandis que la femme porte une petite maison de bois. Pas besoin de mots pour comprendre, ce couple est contraint de tout quitter à cause du dérèglement climatique. L’œuvre engagée nous émeut, le silence règne pendant que notre petit groupe admire la façade de l’immeuble que recouvre entièrement ce tableau urbain. Pour participer à une nouvelle visite guidée, il faudra cependant nous armer de patience et attendre la prochaine biennale, en 2023 donc ! En attendant, le site du Collectif Renart est une mine d’informations (avec notamment une carte des œuvres) et un guide a même été édité par Hello Lille pour vous permettre de réaliser votre propre visite en autonomie entre Lille, Roubaix et Tourcoing (voir l’encadré ci-dessous).

Un guide spécialement dédié L’agence d’attractivité Hello Lille a participé à l’élaboration du Guide du street art Lille Métropole paru cette année chez Gallimard. « Le développement du street art (...) est devenu un véritable levier d’attractivité  » explique Hello Lille qui souhaite développer le tourisme culturel dans la ville de Lille ainsi qu’à Roubaix et Tourcoing. Ce guide de 144 pages dresse la liste des œuvres murales ainsi que leur emplacement, mais aussi des restaurants, cafés et bars alentours permettant aux visiteurs de prévoir leur parcours de visite en totale autonomie. Le livre contient huit itinéraires avec cartes, photos des fresques et parfois même des petites anecdotes à propos de l’œuvre ou de son auteur. Guide du street art Lille Métropole, éditions Alternatives, Gallimard, mai 2021, 144 pages, 13,50 €.