Citéphilo, « dire et faire »

Publié le 31 octobre 2019 à 18:06

Sur l’affiche de la vingt-troisième édition de Citéphilo, la fameuse photographie de Rose Zehner réalisée par Willy Ronis pour le magazine du PCF Regards au cours d’un reportage à Citroën-Javel. La bouche ouverte de l’ouvrière qui interpelle ses camarades réunies dans un atelier de l’usine fait voir que la « grande gueule » a quelque chose à « dire ».

Le doigt pointé vers l’horizon indique qu’il y a et qu’ils ont quelque chose à « faire ». Un lien figuré avec constance, avec intensité en l’occurrence, dans l’univers de l’humanité. « Dire et faire » , termes articulés dans le titre de l’édition 2019 de Citéphilo, « c’est cette opposition que nous avons voulu interroger » explique Nassim El Kabli, animateur de l’association Philolille organisatrice de l’événement.

« Pour montrer le caractère bien plus complexe et bien plus fécond de leurs relations » précise le professeur de philosophie. Au programme donc, sous ce thème mais aussi sous ceux de nombreux autres éclairant divers aspects de la pensée contemporaine, une centaine de rencontres et d’événements organisés dans tout les Hauts-de- France. Avec l ’anthropologue Philippe Descola comme invité d’honneur et, dans le cadre du cycle cinéma de Citéphilo, précédée par celle de Contre-pouvoirs le jeudi 7 novembre à 20h à la médiathèque de l’Odyssée de Lomme, la projections de trois films de Malek Bensmaïl le dimanche 24 novembre de 10h à 18h, projections suivies, de 18h30 à 20h d’un débat avec le cinéaste algérien, animé par Jacques Lemière à l’Auditorium du Palais des Beaux- Arts de Lille.

Dans le même lieu, à noter, en « off » du festival de philosophie « au sens large » , le lundi 9 décembre à 18 heures, la conférence de Gérard Noiriel sur « Les Gilets jaunes à la lumière de l’histoire » et, en « in », en partenariat avec L’ Humanité , le débat « Le principe égalité » consacré à l’actualité de la révolution française avec les historiens Pierre Serna et Hervé Leuwers, le vendredi 15 novembre à 13h.

« La force matérielle ne peut être abattue que par la force matérielle, mais la théorie se change, elle aussi, en force matérielle, dès qu’elle s’empare des masses » écrivait Marx.

Commentant sa photographie plus de soixante ans après avoir pris son cliché de «  Rosette » à la veille de la grande grève des métallos qui verra 16 000 ouvriers occuper les usines Citroën de la région parisienne, Willy Ronis explique : « J’étais dans l’usine, en grève, j’ouvre une porte et je tombe sur cette scène. C’était l’époque où les conquêtes sociales de 1936 étaient remises en question. Les gens criaient de colère ».

Dans le contexte, absent de la photographie par nature taiseuse, la syndicaliste fait le compte-rendu d’une délégation de la CGT de retour du ministère de la Guerre pour la « solidarité avec les gars d’Espagne » au lendemain du bombardement de Barcelone par les avions de l’Italie fasciste alliée au coup d’Etat franquiste. C’était le 23 mars 1938.

Jérôme Skalski