La vie secrète de JPM (saison 2)

Episode 3 : « Memento Mori »

Publié le 20 novembre 2020 à 14:49

Dans l’épisode précédent, JPM réussit, à l’aide de ses amis de La Chope, à entrer dans une galerie d’art pendant la nuit, espérant y récupérer un tableau de lui peint par son ami Till avant de mourir.Mais, là, stupeur, la pièce est entièrement vide.

Eux, l’œil Memento Mori. Moi, Gros-Jean comme devant, bien penaud, la queue basse. J’avais vendu du rêve pour peau de balle. Sergio s’avança et s’adressa à moi, professoral à baffer. « On t’aime bien, JP, y’a pas à dire... » « D’ailleurs, on dit pas..., intervient Polo, mais t’as le cognitif défaillant, la rationalité biaisée, le raisonnement déficient. Tu bats de l’aile, mon ami... » « Tu déconnes à pleins tubes » l’interrompit Polo. Camille, me regardant d’un air navré m’acheva : « Tu fais un peu pitié. » Tonio ne disait rien. C’était pire. Jeannot caressait le chien. J’étais KO.

Je ne voulais pas me lancer dans un monologue contrit, mais quand même, j’étais sacrement péteux. Je n’avais pas la berlue. Je l’avais vu, le tableau de Till, ma tronche en peinture. Je les avais eus devant moi, mes 20 ans, mes précieux.Le seul à me soutenir, c’était Günther, qui me regardait amoureusement. Je cherchais des indices. Il y avait des traces de pas devant une étagère vide. Rien de flagrant. À défaut d’explication, j’ai fait dans la facilité, botter en touche : « Ça vous dit une blanquette ? » Les regards se sont éclairés, effaçant toutes traces d’animosité. Je reprenais ma place dans la société des hommes. Je redevenais leur semblable. En sortant de la pièce, Polo me tapa sur l’épaule et me dit à l’oreille : « Bah, j’t’en veux pas. J’avais rien de mieux à faire ce soir. » Ils n’étaient pas rancuniers. On était dans la rue tous les cinq, tentant de fermer la porte derrière nous quand, sortie de nulle part, une voiture de flic a pilé devant la boutique. En est sorti de la vraie bleuzaille, nerveuse, pas conciliante pour un sou, prête à en découdre. On connaissait l’un d’eux (voir « Joyeux Merdier », saison 1).

Il se remonta les baloches et nous dit : « J’ai pas envie de rigoler... je suis même plutôt tendu... à fleur de peau... j’ai le tonfa qui me démange. Parce que parfois, j’ai comme l’impression que l’on nous prend pour des cons... » « Oh, faut pas dire ça. C’est une petite déprime, c’est tout. » Le flic me coupa net : « La ferme ! Écoutez bien les guignols. J’ai UNE SEULE question à vous poser. Mais faut pas vous planter. Si vous êtes dehors, alors que c’est interdit, c’est que vous cherchez quelque chose. Alors, sans chichi, je vous demande... vous cherchez quoi ? »

Polo leva le doigt et d’un air vainqueur dit :« On cherche la chatte à ma... » « La lapine à Papa » le coupa Camille. Il eut un silence de fin du monde, à faire flipper n’importe quel climato-sceptique. On entendait nos battements de cœurs, nos souffles, nos vies intestinales. Le flic s’approcha de Camille : « Alors là, bravo ma petite dame ! Vraiment, bravo ! Parce que, ce soir, j’ai déjà eu treize chattes de perdues. Oui, treize ! Huit “chattes à ma mère”, trois “à ma femme”, deux “à ma cousine”. Je supporte plus.

Maintenant, dès que l’on me parle d’une chatte perdue, je verbalise. Bim ! 135 euros ! Je demande si elle est tatouée. Si on me dit oui - ça n’arrive jamais - si une fois, mais c’était un chat - j’appelle la SPA, et je vérifie. Sinon, bim ! Je verbalise. La lapine à votre père, c’est pas pareil. C’est poétique. Ça me change. Elle s’appelle comment ? » « Qui donc ? », demanda Camille. « La lapine à votre père ! » « On l’appelle pas. Elle est sourde. » « Pauvre bête », dit le flic. « On s’habitue. On fait avec. » Ça a fait « vroum » quand la voiture est partie, les flics dedans. Rentré dans la galerie vide, Günther aboyait et grattait devant une armoire vide. Ça sentait l’épisode suivant.

À suivre...