La vie secrète de JPM (saison 2)

Épisode 8 : « Advienne que pourra… »

Publié le 24 décembre 2020 à 11:39

Dans l’épisode précédent, le joyeuse troupe de La Chope arrivait enfin au bout du tunnel. Et, surprise, il donnait sur une cave bien remplie. Et loin d’être inconnue puisque c’était celle de leur repaire, La Chope !

Le jour s’était levé sous un crachin qui rendait le sol glissant. Chacun s’était séparé en sortant de la galerie. Ils se dirent « à bientôt », parce que c’était vrai. Ils se verraient bientôt. En attendant : Polo allongé sur son lit, avait pris soin de se laver les dents, de mettre son pyjama avant de prendre son appareil respiratoire. Déjà deux ans qu’il ne pouvait dormir sans. Il en avait honte. « J’ai besoin d’air », se disait-il à chaque fois qu’il enfilait le masque plastique. JPM regardait un tableau que son ami Médé lui avait offert. Un personnage rouge sur une croix et quelques personnages découpés. Il se rappela qu’Andersen, en plus d’écrire des contes, pratiquait l’art du collage et ne se séparait jamais de ses ciseaux. Il alluma la radio. Caryl Férey parlait de la Sibérie. « Il faut que j’écrive pour Liberté Hebdo » se dit-il. Maryline Cheap rangea au frigo la blanquette qu’elle avait préparée pour ses amis et qui était restée intacte. Elle les avait attendus toute la nuit puis s’était endormie sur son canapé. Elle se maquilla, se trouva plutôt jolie malgré les trois heures de sommeil, et sorti donner à manger au chat d’une voisine. Elle n’aimait pas les chats. Justine sortait de chez elle quand elle se rappela qu’elle devait trouver un cadeau de mariage pour Stéphanie. Elle n’avait aucune idée de ce qui lui ferait plaisir. Elle corrigerait l’article de JPM, puis chercherait une idée, une bonne idée. JPM faisait décidément trop de fautes. Le flic croisa Christian pour la relève de jour. Ce dernier lui dit : « Alors, cette nuit de couvre-feu ? » « La routine », répondit-il. « 28 types qui cherchaient la chatte à leur mère. » Sa Clio démarrait mal depuis hier et cela l’inquiétait. « Vite rentrer », se dit-il. « Embrasser ma femme et dormir. » Sergio mit du temps avant de rentrer chez lui, il pensait à Barthes : « Le geste tendre dit : demande-moi quoi que ce soit qui puisse endormir ton corps, mais aussi n’oublie pas que je te désire un peu, légèrement, sans vouloir rien saisir tout de suite. » Il aurait aimé pouvoir dire de telles choses. Mais la posture, bordel ! La posture… Il ne connaissait que cela. Jeannot chercha une boulangerie ouverte. Il avait les jambes lourdes, douloureuses, mais se félicitait d’être finalement si alerte. « La vieillesse ne m’aura pas comme ça », se dit-il alors que l’odeur des croissants lui rappelait un matin d’hiver à Toulouse avec Rosa, il y avait… 40 ans ! « Le temps de rien », se dit-il. La boulangère ne fut guère aimable. Camille feuilleta une revue en buvant son café. Elle avait décidé qu’elle ne dormirait pas, qu’elle prendrait une douche, appellerait quelques amies, ferait un ménage complet, et qu’enfin, elle s’attellerait à la broderie en attendant que le sommeil vienne par surprise. À la radio, Caryl Férey parlait de la Sibérie. Elle n’avait jamais rien lu de lui. Tonio ne vit personne jusqu’au troisième étage. Au quatrième, il croisa dans l’escalier sa petite voisine, son sac d’écolière sur le dos. Elle lui sourit. Il lui dit «  bonjour ». Il se sentit heureux et léger. Son téléphone sonna. Il apprit qu’il venait d’être tonton d’une petite Lucile. « Tonton Tonio », se répétait-il en souriant. Samir reprit son bleu de travail. Il finirait de repeindre La Chope aujourd’hui. Il regarda le tableau qu’il avait récupéré la vieille. Il se demandait pourquoi il avait voulu le garder. Le personnage lui rappelait vaguement quelqu’un, mais qui ? Il le prit, sortit de chez lui, et le posa sur le trottoir. Advienne que pourra.

FIN de la saison 2