Des ateliers d’écriture pour les 100 ans du PCF

Je m’souviens... les « plastiques » de Brunémont !

Publié le 29 mars 2021 à 11:46

Années 60. Brunémont, la fête de Liberté. « Vous vivrez des heures inoubliables, en famille à l’air pur dans un cadre idéal », pouvait-on lire dans le journal. Le grand jour approchant, il régnait dans l’appartement de la rue de Wazemmes comme un air de départ en vacances. Les sorties étaient si rares. Et, pour tout dire, on ne partait jamais en vacances. La veille, mon père cherchait encore où il avait bien pu fourrer les « plastiques ». « Mais si, en haut du placard ! Ou alors... peut-être dans le bas », lui lançait ma mère en préparant ma chemisette, mon short et mes sandalettes.

Le dimanche arrivé, tout le monde debout. Café au lait, sac sur l’épaule, hop on allait prendre le car. En passant, on sonnait chez Ramon. On faisait route ensemble, avec ses parents, des réfugiés espagnols. Moteur allumé, le car prêt à partir, forcément il en manquait toujours un... Qui se faisait remonter les bretelles lorsque, enfin, il pointait le bout de son nez. À peine démarré, les chœurs entamaient le répertoire : Avanti popolo, La jeune garde, Nini peau d’chien... Moi, je regardais le paysage défiler. Et puis, on touchait au but, enfin presque. Ah, le chemin menant à la clairière de Brunémont. Quel spectacle ! Une longue file de gens endimanchés, chargés de sacs et de chaises pliantes, progressant avec peine à la queue leu leu le long de l’étang, les pieds s’enfonçant dans une terre gorgée d’eau comme une éponge, malgré les branchages jetés à la hâte. Oh la la, mes sandalettes blanches : deux paquets de boue. Au bout, enfin les stands, la foule joyeuse, la musique, les pompes à bière, la chaleur, les rires, la fête, les jeux, les odeurs... J’ai encore dans les narines celles mêlées des frites et de ma glace à la vanille. 60 ans après, je me roulerai par terre pour respirer cette odeur à nouveau, une fois seulement. Face au podium, l’herbe était trop verte pour être honnête. Qu’il ait plu ou non la semaine précédente, le terrain restait invariablement humide. Malheur à celui qui posait sans précaution son derrière par terre. L’eau affleurait. D’où les fameux « plastiques » : des feuilles plastifiées que l’on étalait sur le sol avant de s’étendre, et que mon père rangeait dans le placard. Brunémont, je m’en souviens bien. Mais vous dire si les plastiques étaient sur l’étagère du haut ou celle du bas...

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