Musique

Le larron pris au piège de l’amour

par PAUL K’ROS
Publié le 28 mai 2019 à 10:12

L’occasion fait souvent le larron y compris en amour. Le jeune Rossini en a fait le sujet d’une de ces Burletta per musica (farce en musique) riches en quiproquos, méprises et retournements croustillants de situation dont le public populaire italien était friand.

L’affaire est d’autant plus plaisante à voir et entendre que le compositeur lui donne un tour des plus alertes avec d’incessants changements de rythme et une compétition d’accélérations vocales virtuoses dignes d’un sprint cycliste dans Milan San Rémo. Il sera donc question de mariage arrangé à distance, de subtilisation de valise avec usurpation d’identité côté masculin et d’affirmation féministe malicieuse avec un final qui satisfait les inclinations et désirs de chacune et chacun. Ça pétille ! Une baraque à pizzas escamotable Le metteur en scène Laurent Serranno qui nous avait déjà gratifiés d’une « Cambiale di matrimonio » dans la même veine Rossinienne remet le couvert à l’Atelier Lyrique de Tourcoing avec quasiment la même équipe. Ça démarre sur la route de Naples par temps d’orage sous l’auvent d’une baraque à Pizza dont les parois tomberont ensuite comme château de cartes pour découvrir l’intérieur d’un salon cuisine salle à manger. Dans ce décor camping-car ouvert à toutes les entrées et sorties, la mayonnaise de l’embrouille va monter à plaisir. Le baryton Christian Senn plastronne avec un bel abattage dans son rôle d’usurpateur tandis que le ténor Jérémy Duffau à l’étroit dans un costume étriqué de fils à papa un peu niais tente de rattraper son retard. La soprano Clémence Tilquin se joue avec moquerie des prétentions masculines cependant que la mezzo Pauline Sabatier mord à belles dents avec un charme non dissimulé dans l’occasion qui lui est offerte quand au baryton –basse Sergio Gallardo il pète les plombs et prend les coups… L’orchestre de la Grande écurie et la chambre du Roy va à rythme croissant sous la direction d’Emmanuel Olivier et au final les spectateurs s’entendent comme larrons en foire pour manifester bruyamment leur plaisir.