Meilleurs Voeux, Partie 1

Publié le 25 avril 2020 à 14:40

Entre réalité et fiction, un lecteur fidèle nous raconte le monde soumis à l’épidémie et au confinement... Voici son récit en deux parties.

À la Saint-Sylvestre, le trente-et-un décembre deux-mille-dix-neuf, au douzième coup de minuit comme le veut la tradition, ceux qui réveillonnaient, jeunes et moins jeunes, les uns dans les boîtes de nuit, les autres dans les restaurants avec animation dansante ou pour les seniors les plus âgés encore en bonne santé tout simplement chez eux, après avoir décompté dans la liesse générale les dix dernières secondes de l’année, firent sauter les bouchons de champagne et se souhaitèrent en s’étreignant, en s’embrassant avec effusion selon la formule classique, une bonne et heureuse année 2020.

En insistant particulièrement sur la santé, sans laquelle la vie a moins d’attraits. Champagne et autres boissons alcoolisées faisaient régner la bonne humeur et la gaieté générale était de mise. Une année nouvelle commençait et tous les espoirs d’un monde meilleur étaient permis. Même si, au cours des années précédentes, dans l’indifférence générale, de plus en plus de nuages chargés de diverses pollutions avaient répandu leurs poisons insidieux partout sur Terre dans les océans, les mers et sur les terres cultivables rendant illusoires les cultures dites biologiques.

Qu’importe, même si mondialement la course effrénée à l’armement classique complétée par les recherches pour une éventuelle guerre bactériologique étaient une triste etredoutable réalité, il convenait d’être optimiste, de s’extérioriser et de profiter au maximum de l’instant présent.Demain il ferait jour et nous aurions le temps d’aviser ultérieurement ! L’hiver s’annonçait clément et l’année 2020 prometteuse ; jusqu’à ce que des virus nommés France.

Des mesures à profusion, parfois contradictoires, furent prises. Mais il convenait de réagir car l’urgence s’imposait. D’autant plus qu’il s’avéra que, depuis des années, les restrictions budgétaires en matière de santé faisaient apparaître que personnel, matériel et structures d’accueil étaient insuffisants pour faire face à l’afflux sans précédent de malades. Hier, les moyens financiers faisaient défaut. Aujourd’hui, je ne sais quel tonneau des Danaïdes ils ont découvert mais les moyens « ruissellent » en abondance !

Outre la peur de contracter la maladie, les informations dispensées par les médias à longueur de journée avaient contribué à exacerber cette peur et à créer une psychose générale qui affectait le moral de la population, laquelle se méfiait de tout, même de ses alter egos. Malgré les déclarations du gouvernement, lequel se voulait rassurant, affirmant qu’il n’y aurait pas de pénurie alimentaire, les supermarchés furent pris d’assaut par une foule frénétique qui se rua sur les produits de première nécessité et sur ceux, pâtes, riz, farines, etc., qu’elle pourrait stocker longtemps. Dans ce domaine, chacun critiquait l’autre tout en se comportant de la même façon.

Sans arrêt, du matin au soir, les chaînes de télévision déversaient des flots d’informations continus en diffusant, sans relâche, pour éviter la progression des agents du diable, des consignes de sécurité élémentaires consistant notamment à ne sortir de chez soi qu’en cas d’absolue nécessité. Mais vous le savez, les Gaulois sont têtus et ne veulent en faire qu’à leur tête. Pourtant la démarche consistait tout simplement à sauver des milliers de vies, notamment celles des seniors et des personnes fragilisées !

Devant l’obstination d’inconscients qui se refusaient à respecter ces règles élémentaires, l’envahisseur gagna de plus en plus de terrain en confortant le travail habituel de la grande faucheuse. Pour l’exécutif, il était grand temps de ne plus tergiverser et il décida d’agir sans plus attendre. Aux grands maux les grands remèdes ! Au cours d’une allocution télévisée suivie par « Corona » ou « Covid-19 » nés dans la ville de Wuhan en Chine éprouvent, après avoir semé mort et désolation dans leur ville d’origine, le besoin de migrer pour envahir le monde après la célébration du Nouvel An au pays cher à Mao. Ces étrennes funestes n’étaient pas un cadeau du ciel car ces « migrants », petits cousins de la grippe contagieux à l’extrême et générateurs de mortalité foudroyante et excessive, se multiplièrent à une vitesse prodigieuse et franchirent les frontières allègrement !

Courant janvier, au début de cette épidémie qui laissait les occidentaux, notamment les européens, sceptiques quant à la dangerosité de ces envahisseurs invisibles, les pouvoirs publics ne réagirent pas. Le port du masque sanitaire porté par certains, qualifiés d’hypocondriaques, faisait se gausser les autorités des ministères de la Santé qui tardèrent à prévoir des approvisionnements de celui-ci et à prendre les mesures élémentaires de protection qui s’imposaient.

Puis l’épidémie se transforma en pandémie et ravagea l’Italie et l’Espagne, où contaminés et morts commencèrent à croître exponentiellement de jours en jours. Dès lors, hormis l’Angleterre, l’affolement et la panique gagnèrent tous les pays européens dont le nôtre, la 35 millions de spectateurs, le président déclara solennellement que désormais nous étions en état de guerre et qu’il allait mobilisertoutes nos armes pour arrêter la progression de l’ennemi et le vaincre.

Il n’y eût pas de déclenchement de sirènes ni de descentes dans les caves comme au cours de la Seconde Guerre mondiale, mais l’obligation de rester chez soi fût décrétée. Des dérogations de déplacement furent accordées pour les actes essentiels de la vie courante et ceux qui sortaient sans être munis du laissez-passer adéquat étaient lourdement sanctionnés financièrement. Le confinement fût donc respecté.

Apparemment, comme en temps de guerre, l’appel à l’unité et à la solidarité nationale fût entendu. Dommage que lorsque la « paix » reviendra, cette unité et cette solidarité ne seront plus que souvenirs ! La lutte des classes qui avait resurgi avec le mouvement des Gilets jaunes et le rejet de la réforme des retraites, temporairement était mise sous le coude ! Malgré ce confinement qui devenait de plus en plus restrictif et le couvre-feu décrété par les maires de certaines villes, qui devint général par la suite, la vie monotone et morose continuait. Les jeunes se morfondaient chez eux et finissaient par se lasser des tablettes et de surfer sur internet.

D’autres, lorsqu’ils le pouvaient, effectuaient du télétravail. Quant aux « vieux », ils usaient leurs yeux en lisant ou en scrutant les écrans de télévision qui répétaient inlassablement les mêmes infos pas toujours rassurantes, ce qui contribuait à augmenter leur angoisse et à les fragiliser. Seules les structures et les magasins d’alimentation nécessaires à la vie courante étaient autorisés à accueillir le public.Le personnel des usines invoquant le droit de retrait, celles-ci tournaient au ralenti. Tout n’était plus que désolation. L’activité, symbole de vie active, était réduite au minimum.

À suivre...

Lulu Berlu