Littérature jeunesse

Notre sélection de livres pour enfants

par Alphonse Cugier
Publié le 20 novembre 2020 à 15:05

> Au bois dormant

Une fillette accompagnée de son chien entre dans la forêt et joue au marchand de sable, invitant les animaux soit à s’endormir jusqu’au lendemain (élan, faon, renard, lapin écureuil, pivert), soit à hiberner (ours, tortue) ou à migrer (colibri). Ayant souhaité bonne nuit, elle s’endort à son tour. On aime à suivre sa promenade imaginée par Karen Jameson qui nous fait découvrir les animaux quand ils veillent encore (page de gauche) et quand ils dorment paisiblement (page de droite). Marc Boutavant, l’illustrateur, a fondu pour les couleurs automnales, mariant les ocres, les verts, les bruns et les noirs. Une palette tout en harmonie et en murmure.

> Blanc. Une aventure dans la montagne

Un village sous la neige. Un petit garçon parle des corbeaux perceptibles de suite, des rouges-gorges et des écureuils que seules de petites touches rouges et ocres qui aspirent l’attention, permettent de repérer, à demi cachés par la végétation et dispersés dans un espace de nature couvrant des doubles pages. Il surprend un renard qui, affamé, fouille la poubelle, le suit dans la forêt et se perd. La neige et le brouillard qui rogne les montagnes ensevelissent tout le paysage et le rendent à la limite du visible. Stéphane Kiehl a composé une extraordinaire symphonie muette en blanc où même un ours blanc surgit par transparence. Les pages centrales en papier calque d’un noir charbonneux accentuent le péril qui menace le garçon. On le devine, minuscule, perdu dans l’immensité boisée et enneigée avant que le sommet de la montagne qui réapparaît ne lui indique le chemin du retour.

>Superflu

Deux pies ont construit un nid pour une prochaine couvée. Elles veulent que les oisillons aient tout ce dont ils auront absolument besoin. Le nid se remplit (coucou, chaussettes rayées, pinces à linge, ourson, landau... l’excès fonctionne à plein) sous l’œil intrigué, puis effaré des animaux du voisinage. Dans cette course de la peur du manque et d’une volonté de consommation (exagération destinée à tout un chacun), Emily Gravett a concocté une fable pertinente qui tire sa force du rythme frénétique qu’elle octroie à cette accumulation et ce, à coups de couleurs franches. En supplément, destinées à dégriser tout acheteur addictif, quatre pages de publicités, de réclames d’autrefois et d’un mode d’emploi de recyclage. L’humour est une denrée partageable.