Les chronique de JPM à La Chope

Rencontre avec Sonia Rekis, musicienne

Publié le 26 juin 2020 à 15:11 Mise à jour le 28 octobre 2020

« Une eau pétillante sans glace, sinon y’a plus de bulles » demande Sonia Rekis avec l’accent ch’ti à Samir qui matait ses tatouages. « Vous êtes musicienne ? » lui dit-il. « Banquière » que je réponds. « T’es vraiment con, JP, dit Sonia, Accordéoniste. À six ans, j’habitais à côté de Cambrai. Mon voisin jouait de l’accordéon. J’ai voulu faire pareil. C’est tout. Depuis, je n’ai jamais lâché l’instrument. » Histoire somme toute assez banale : les parents qui refusent pour des questions financières d’acheter un accordéon de payer des cours. « Mais mon grand-père à arrangé l’affaire. Il était directeur de l’usine Béra, le linge de maison, et faisait travailler toute la ville. Il a même fait venir Johnny à la salle de fêtes de Villers-en-Cauchies. »Sergio, pour une fois, se faisait discret.

Faut dire qu’il n’y connaît rien en accordéon. « Mes premières scènes, c’était à dix ans. On m’invitait à jouer aux vins d’honneurs. À 13 ans, j’ai commencé le bal. Tous les samedis, je jouais avec un orchestre bavarois, “Les tyrol’s”. On était 14 sur scène. J’étais la seule fille, la plus jeune, alors que le plus vieux, Gaston, avait 89 ans. On a fait toutes les salles des fêtes du Nord et j’ai goûté toutes les choucroutes de la région. » Sonia s’est vite rendu compte que les études, ce n’était pas son truc. En revanche, quand on a la musique chevillée au corps, on ferait tout pour elle. « J’ai passé l’audition avec le CMA (Campus des musiques actuelles) à Valenciennes. On était 1 000 à candidater, ils n’en prenaient que cinq aux claviers. J’ai fait parti du lot. J’y ai passé un an,payée à ne faire que de la musique- aujourd’hui, il faut payer pour y entrer. Diplôme en poche, j’ai fait trois ans de piano bar et un spectacle pour enfant avec Goun. Puis j’ai enchaîné les expériences. Il m’est arrivé de jouer avec douze formations en même temps. Un gros bordel pour gérer l’emploi du temps ! Et puis, j’ai surtout rencontré William Schotte avec qui j’ai joué 17 ans et fait un album. »

Sergio s’est approché de nous, je craignais le pire. Il dit à Sonia : « Féconder le passé en engendrant l’avenir, tel est les sens du présent, disait Nietzsche. » « Il me veut quoi, ton pote ? », me demande-t-elle en lui tournant le dos. « Sans doute savoir ce que tu fais présentement. » Sergio était parti vexé et faillit écraser Günther qui mordillait une pluche offerte par François. « Je joue avec Lénine Renaud, le 17 juillet à la salle de fêtes de Fives, puis avec mon duo, Kiss and bye, le 14 octobre au Festival Tourcoing Jazz. C’est des compositions, inspirées des musiques du monde. On utilise beaucoup de machines.

C’est comme si nous étions six. Je joue aussi en solo chez l’habitant. » Son camion était garé devant La Chope.« Ce soir, je dors dedans, face à la mer. Après, je file au Portugal. J’adore le Fado aussi. Et Véronique Sanson. » Elle chanta : « Tu m’as dit que j’étais faite, pour une drôle de vie, j’ai des idées dans la tête, et je fais ce que j’ai envie. » Elle lui allait bien cette chanson, que je me disais. « À l’occasion, viens donc chez moi, dans l’ancienne usine Cavrois-Mahieu à Roubaix.Il y a des plasticiens, un luthier, mon voisin Andréas fabrique des super vélos sur mesure. On a créé une association, « Le Non-Lieu ». On monte une exposition sur le bleu de travail. Le 16 septembre, on ferra un bal folk. Tu viendras ? » Elle se retourna et dit à Sergio avant de partir : «  Si tu me les casses pas, toi aussi tu peux venir ! » Sergio rougit. Toute la journée, il fredonna Véronique Sanson.

JPM