C'est à voir

Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann (1953)

par Alphonse Cugier
Publié le 30 avril 2020 à 13:56

Le film narre les destins entrecroisés de GI à Honolulu, dans le Pacifique, en 1941, à la veille de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor. Une manière d’évoquer la société américaine à travers le prisme d’une base militaire. Il y a Prewitt (Montgomery Clift), ancien boxeur qui, fidèle à ses principes, ayant rendu aveugle un adversaire au cours d’un entraînement, refuse de reprendre les gants pour « l’honneur » du régiment et la promotion de son capitaine qui insiste et feint d’ignorer les brimades. Son camarade Maggio (Frank Sinatra) qui le soutient est persécuté par un sergent pervers, Gras-Double (Ernest Borgnine). Le sergent Warden (Burt Lancaster) a une relation avec l’épouse du capitaine, celle-ci trompée et délaissée tient à sa liberté (figure rare dans le cinéma hollywoodien des années 50). Lorsque Maggio est battu à mort, Prewitt est décidé à le venger...

La justice face à l’institution militaire, à la hiérarchie qui méconnaît la violence gratuite de gradés et autres qui s’acharnent sur ceux qui refusent de subir leur loi. Tout en dénonçant le dressage et les passe-droits en usage dans l’armée, le film reste en deçà de ses œuvres précédentes qui traitent de réalité sociale, de politique et de responsabilité individuelle et collective : La Septième croix adapté d’un roman antifasciste d’Anna Seghers, Teresa sur les quartiers pauvres de New York vus par une jeune italienne et le très connu Le train sifflera trois fois dans lequel le shérif (Gary Cooper) est confronté à la lâcheté, à la trahison des « bons » citoyens, dimension symbolique au moment de la chasse aux sorcières menée par le sénateur McCarthy contre les communistes.Plus que la scène d’amour nocturne d’une sensualité débordante, choquante à l’époque, Tant qu’il y aura des hommes comporte des séquences inoubliables, celle des notes que Prewitt tire du clairon emprunté, dans un bar, à un soldat et celle de la sonnerie aux morts dédiée à son camarade décédé.