OPERA

Un César étrangement magnanime

« La clémence de Titus » à l’Atelier lyrique de Tourcoing.

par PAUL K’ROS
Publié le 7 février 2019 à 15:56

L’opéra La clémence de Titus est une commande faite à Mozart pour le couronnement de Léopold, roi de Bohème. Nous sommes en 1791, et Léopold quoi qu’il dise de la Révolution française doit penser qu’une œuvre vantant les vertus d’un souverain éclairé bienveillant, empreint de justice et capable de pratiquer le pardon et la réconciliation envers ceux qui l’ont trahi serait du meilleur effet pour affermir la monarchie vacillante.
Mozart que la mort guette, déjà accaparé par l’écriture de son Requiem et d’un autre opéra qui lui tient à cœur, La flûte enchantée, compose la musique de La clémence de Titus en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. L’œuvre était à l’affiche de l’Atelier lyrique de Tourcoing comme l’avait programmé Jean-Claude Malgoire dans une mise en scène de Christian Schiaretti, lequel a rendu à l’ami disparu un hommage sensible en forme de « soupir » partagé avec le public.

Danielle Pierre Sesto (Amaya Dominguez) et Vitellia (Clémence Tilquin).

Imbroglio amoureux

Dans cette histoire de pouvoir et de passions, Titus (Jérémy Duffau, ténor, droit comme un I et d’un flegme magnanime à toute épreuve) qui aime Bérénice contre l’avis des Romains est visé par un complot ourdi par Vitellia (Clémence Tilquin, soprano, tout feu tout flamme et rouerie) qui ambitionne de partager sa couche et plus encore le pouvoir. Pour parvenir à ses fins elle exploite l’amour que lui voue Sextus (Amaya Dominguez, mezzo-soprano, superbe de sentiments écartelés) pourtant ami cher au cœur de Titus. Un peu statique dans la première partie, la mise en scène (ajustée sur un tempo un peu lent au début) laisse par la suite libre cours au déferlement des sentiments contraires exacerbés.
Cet imbroglio amoureux encore plus complexe qu’il n’est dit ici est servi par une belle distribution que sait mettre en valeur Emmanuel Olivier, rompu au travail vocal. Le public chaleureux y a trouvé son contentement.
En l’attente d’une nouvelle direction générale de l’Atelier lyrique dont on espère la nomination très prochaine, la programmation de la saison 2019-2020 sera proposée par Renée Malgoire qui depuis le début participe de la belle aventure de cet ensemble.