Les chroniques de JPM à la Chope

Anne Lepla, comédienne et musicienne

Publié le 25 septembre 2020 à 15:50

La compagnie 2L a débarqué Guick Yansen et Anne Lepla. « Alors JP, c’est fini les interviews de filles ? T’en fais quoi de ta caution féministe ? » me fait remarquer Polo. Camille pouffait. « Il est pas là, le chien qui pète ? » demande Guick, les yeux cachés par des lunettes noires tandis que Damien en combinaison de running fluo s’étirait au milieu du bar en expliquant :« Je m’entraîne pour la course des terrils de Raismes. » « Anne, ils font quoi ici les deux zozos ? » J’étais un peu énervé. « On répète notre prochain spectacle. Ils ont voulu découvrir La Chope. Tu m’offres un blanc sec ? C’est tôt, mais je suis contente de boire l’apéro avec JPM » me dit-elle. J’ai dit « oui ». Je suis sensible à la flatterie.

Elle me parla alors de son histoire, de son parcours somme toute presque logique. « Mes parents étaient horticulteurs à Calonne-sur- la-Lys. Je suis une fille de paysan. Ado, ce que j’aimais le plus au monde, c’était lire. Alors, je suis devenue prof. J’adorais les gamins, enseigner. En parallèle, je faisais du théâtre en amateur. Ma dernière année d’enseignement, je jouais Inventaires de Minyana, mis en scène par Christophe Piret du Théâtre de Chambre. Déçue par le système scolaire, j’ai démissionné. Je suis devenue artiste. Mon père était content que je sois fonctionnaire. Quand j’ai pris cette décision, il m’a dit : “Toi aussi, tu es dans la culture. Tu auras les même aléas que moi : le climat, les parasites.” J’ai trouvé ça très beau. » C’est cette réalité « terrienne » qui émanait d’Anne.

« Je prendrais bien un blanc sec » dit Guick, le guitariste de Luna Lost. « Je l’ai rencontré alors qu’il animait un bal sur un spectacle du Théâtre de Chambre. Il m’a demandé de venir jouer et chanter. Depuis, Guick et moi, on ne s’est plus quitté. On a créé le groupe Luna Lost. Des reprises au début, puis nos propres compositions. Puis des concerts, des musiques de spectacles, de films et de téléfilms.De comédienne, je suis devenue musicienne et chanteuse. J’écris mes propres textes, mes propres histoires. L’enjeu est différent. » Damien disait à Samir qu’il était de Merlimont. Guick parlait cuisine italienne avec Emma. « Nous sommes en résidence au Quesnoy autour du projet “My life is a juke boxe”. Nous interrogeons des jeunes sur leurs souvenirs de chansons populaires. Elles sont nouées à nos souvenirs personnels, familiaux. Elles nous rappellent des moments de notre vie, heureux ou pas.

Par exemple, ado, j’écoutais Max Meynier « Les routiers sont sympas ». Un soir, j’entends « Vertige de l’amour » de Bashung. Je me souviens encore de cet instant. En parlant d’un souvenir de chanson, on se dévoile. » « Tu penses que le prénom de JP, c’est Jean-Pierre ? » demandait Guick à Damien. « Ben, pourquoi ? » répondit ce dernier. « On vient de répéter une soirée vinyles » reprit Anne. « Damien est animateur, Guick joue le rôle de DJ Diana et moi je suis hôtesse. On passe des vinyles, on demande aux gens de participer en chantant, jouant ou même en faisant des play-back. C’est dans le cadre de notre résidence avec la communauté de communes du Pays de Mormal. » Anne avait un regard attendri sur ses deux acolytes, dissipés mais franchement sympas. En parlant de ses envies, « faire des chansons, tout le temps », elle rajouta : « Un jour, je ferai un spectacle sur la pauvrophobie. » C’était un beau projet, là encore lourd de sens. « À la tienne » me dit-elle en levant son verre. Elle rajouta : « JP ? C’est Jean-Patrick ? » Pour en savoir plus : https://compagnie2l.com/