L’ONL À LILLE, BOULOGNE-SUR-MER ET DOUCHY-LES-MINES

Un concert haut en couleurs et passion

Musique

par PAUL K’ROS
Publié le 13 décembre 2019 à 20:01

La journée avait bien commencé jeudi dernier par un temps vif avec un flot de manifestants battant le pavé solidairement pour préserver leur droit à une retraite digne. Le même soir, l’Orchestre national de Lille (ONL) accordait ses violons à l’heure espagnole et aux rythmes d’Amérique latine.

Avant le concert, un violoniste de l’orchestre, dont l’instrument était bien accordé à l’humeur du temps, expliqua d’une voix de bronze bien posée (au nom des syndicats CGT et FO) que les musiciens respectant leurs engagements envers leur public joueraient bien ce soir-là mais qu’ils étaient affectés, comme les autres salariés, par la réforme gouvernementale dont ils ne veulent ni pour eux, ni pour leurs enfants. Message bien reçu par les applaudissements nourris et prolongés des spectateurs du Nouveau Siècle.

Première Française de Pacho Flores

Le concert prit ensuite des couleurs flamboyantes et un petit vent de folie avec tout d’abord un poème symphonique du compositeur mexicain Silvestre Revueltas inspiré par le Sensemayá du poète cubain Nicolás Guillén. Courte pièce étonnante, propre à faire le bonheur de tous les tubistes (ici Hervé Brisse) et autres instrumentistes à vent, cuivres et percussions. Ça démarrait fort ! Mexique encore avec Arturo Márquez et son Concierto de otono écrit en collaboration avec le trompettiste Pacho Flores créateur de l’œuvre dont c’était la première française. Le public fit un triomphe au soliste vénézuélien qui, usant avec dextérité et délicatesse des sonorités de quatre trompettes différentes, lui avait ainsi prodigué une palette de sensations et de rêveries ponctuées d’humour. Quel plaisir !

S’en suivit un Amour sorcier de Manuel de Falla au cours duquel la séduisante secrète « cantaora » Marina Heredia, robe en lamé noir et châle blanc, intime et tragique, rivalisa avec l’orchestre. Apothéose enfin avec le Boléro de Ravel, célébration envoutante de l’amour fou avec la caisse claire (Romain Robine) comme métronome du désir grandissant qui progressivement saisit l’orchestre tout entier. Du grand art mené avec la subtile et vibrante maestria hispanique de Josep Vicent. Un directeur d’orchestre que l’on aimerait revoir souvent..