Cinéma

Un drame et une comédie à voir cette semaine

par MICHELE LOTH
Publié le 21 février 2020 à 16:30 Mise à jour le 20 février 2020

> La fille au bracelet

Un moment de bonheur partagé en famille sur la plage se transforme en cauchemar quand la gendarmerie vient chercher Lise, la fille aînée soupçonnée du meurtre de son amie Flora. Munie d’un bracelet électronique, Lise est consignée chez elle pendant deux ans avant la tenue de son procès. Elle avait 16 ans au moment des faits et c’est l’adolescente qui est le sujet d’interrogations sur sa personnalité, son innocence ou sa culpabilité.Pour maîtriser son sujet sur le déroulement du procès, Stéphane Demoustier s’est entouré de professionnels de la justice et a accordé le rôle de président de la Cour à un homme de loi, Pascal-Pierre Garbarini.

Ce choix est appréciable pour la crédibilité du déroulement judiciaire mais c’est le regard sur le comportement de Lise qui captive, perturbe et bouleverse dans un scénario qui implique une jeune adolescente que l’on peut percevoir comme indifférente ou fragile, une adolescente confrontée à ses propres désirs, à l’influence des réseaux sociaux et à une relation aimante mais complexe avec ses parents.En filmant un procès tendu et intense qui se déroule au rythme alterné de certitudes et de doutes, Stéphane Demoustier réalise un film énigmatique qui donne un premier rôle à Melissa Guers une jeune comédiennes surprenante.

> Un divan à Tunis

La réalisatrice Manele Labidi a eu une idée originale, celle d’imaginer le retour à Tunis de Selma, une jeune psychanalyste qui considère qu’elle sera plus utile à ses compatriotes qu’elle ne l’était à Paris. Une décision que conteste son oncle qui considère que les Tunisiens n’ont pas besoin de l’aide d’une psychanalyste puisqu’ils ont « l’aide de Dieu et du Coran ». Golshifteh Farahani, actrice franco-iranienne, illustre parfaitement le caractère déterminé de Selma qui s’impose comme celle à qui chacun vient parler de sa vie personnelle, en lien avec les traditions religieuses ou avec les espoirs de démocratie exprimés ces dernières années.

Ces sujets sont évoqués sous la forme d’une comédie qui permet de comprendre le quotidien de personnalités vivifiantes parmi lesquelles un boulanger fantasque, un imam qui ne doute pas de sa foi mais qui doute des rites religieux, une propriétaire d’un salon de coiffure et Naïm, le policier attaché à la loi et dubitatif concernant les pesanteurs administratives auxquelles est confrontée Selma. Un divan à Tunis est une comédie positive sur les combats qui divisent ou rassemblent la société tunisienne et plus particulièrement les femmes, une comédie joliment interprétée par l’ensemble des actrices et acteurs.