La Sextape de Darwin de la Compagnie des Mers du Nord

Une pièce surprenante sur la sexualité des animaux

Par JPM

Publié le 21 février 2020 à 16:30 Mise à jour le 20 février 2020

La Compagnie des Mers du Nord, installée à Dunkerque depuis 1996 et dirigée par Brigitte Mounier ne propose jamais de spectacles décevants. Complètement inscrite dans le monde contemporain, elle se permet d’aborder des thèmes avec malice, humour, engagement, sans renier à la qualité de ses productions. Mettant en scène régulièrement ses propres textes, Brigitte Mounier sait, avec intelligence et entrain, nous emmener dans ses histoires et ses argumentaires. En narratrice distinguée, à la diction précieuse, elle est capable de nous parler de tout, abordant la politique (Democratia participativa), l’écologie (Fukushima, terre des cerisiers) et tout récemment, la sexualité des animaux.

C’est en effet ce qu’elle propose avec sa dernière création La Sextape de Darwin, présentée actuellement au théâtre La Bruyère à Paris jusqu’au 21 mars. En nous présentant « la fantaisie de notre planète que nousdétruisons », elle va nous narrer cette « nature baroque » et les infinies pratiques reproductives de la faune. Et c’est hilarant. Brigitte Mounier, en conférencière distin- guée et sûre de son fait, va, durant le premier quart d’heure, nous expliquer les bases de la reproduction, ce qui pourrait, d’un premier abord, se résumer aux mâles, femelles, pénis, vagins, spermatozoïdes et ovules.

Mais les choses ne sont pas si simples ! Brigitte Mounier, accompagnée d’Antonin Chediny, Sarah Nouveau et de Marie-Paule Bonnemason au chant, nous font alors voyager avec des textes savamment et drôlement écrits, des costumes délirants signés Emilie Cottam et des chorégraphies au cordeau de Philippe Lafeuille. Les différents tableaux magnifiquement éclairés par Nicolas Brignan nous font alors passer de surprises en surprises, où les mâles ne sont pas forcément des mâles, les femelles pas forcément femelles, que l’un peut devenir l’autre. Toutes les combinaisons sont possibles. Entre hermaphrodisme, transsexualité, homosexualité, transgenre, les animaux ne reculent devant rien pour séduire, copuler, se reproduire et même, prendre du plaisir.

Une nature baroque et hilarante

Voir s’accoupler deux vers de terre en une longue et sensuelle chorégraphie ne peut laisser les spectateurs indifférents... Tout comme le tableau présentant la danse de séduction des libellules, et la frénésie des bonobos qui, rappelons-le, ont une activité sexuelle toutes les 90 minutes. Tout cela est évidement drôle et l’on ne peut que se dire que notre monde est quand même sacré- ment bien fait, et qu’il est dommage de ne pas y faire plus attention. Alors, si vous passez à Paris, n’hésitez pas à réserver votre soi- rée au théâtre La Bruyère. Il est à espérer que le spectacle passe ensuite dans la région...

Du 17 janvier au 21 mars 2020, au théâtre La Bruyère, Paris. Plus d’informations : compagniedesmersdunord.fr/agenda/.