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C’est à voir en salle cette semaine

par MICHELE LOTH
Publié le 13 mai 2022 à 12:37

> Les passagers de la nuit Mai 1981, de nombreux parisiens sont en liesse. Parmi eux se trouve Judith, la fille d’Élisabeth dont on fait la connaissance dans l’appartement familial. Élisabeth, qui vit avec ses deux enfants, Matthias, 15 ans, et sa fille aînée Judith, est incapable de partager la joie de sa fille car elle est bouleversée par le départ de son mari et par l’angoisse d’un avenir incertain. Au vu des premières scènes du film, on peut craindre un drame affectif ordinaire avec sa succession de ressentiments et de douleurs. Ce n’est pas le choix du réalisateur Mikhaël Hers qui filme le cheminement de chacun des membres de la famille dans la douceur et l’affection qui les unissent, une affection qu’ils offrent à Talulah, une jeune SDF qu’ils accueillent dans l’espoir de lui redonner le goût de vivre. Les passagers de la nuit est une balade dans les rues de Paris en nocturne et au petit matin, une balade qui s’éclaircit au moment où chacun laisse le passé derrière lui en acceptant les séparations positives. Il y a beaucoup d’amour et de belles rencontres dans un film tout en nuances qui offre des rôles innovants à Quito Rayon Richter, Noée Abita et Megan Northam aux côtés d’Emmanuelle Béart et de Charlotte Gainsbourg dont la voix et le jeu expriment remarquablement la tendresse des sentiments et l’espoir d’une renaissance. En regardant les dernières scènes des Passagers de la nuit, on retrouve l’émotion perçue en conclusion du film Amanda, une émotion liée aux moments de bonheur vécus dans le passé et à ceux qui surgiront dans un avenir prometteur.

> Limbo Si Hit The Road filme le départ des migrants et la douleur de la séparation, c’est leur arrivée dans les terres européennes qui est au cœur du film Limbo. Des migrants demandeurs d’asile au Royaume-Uni sont réfugiés dans une île écossaise et attendent une réponse de la part des autorités britanniques. Parmi eux se trouve Omar, jeune réfugié syrien, qui garde précieusement avec lui un instrument de musique légué par son grand-père. Ben Sharrock a choisi un traitement loufoque pour évoquer la situation périlleuse de ces hommes perdus dans des paysages désertiques qui côtoient une population locale plus ou moins ouverte à l’idée de les accueillir. Limbo est une tragi-comédie burlesque qui atteint son objectif sans pathos, celui de poser avec humanité la question de l’accueil des réfugiés, de leur déracinement et de leur identité. L’humour et l’interprétation des acteurs s’avèrent efficaces pour éveiller les consciences sur un sujet qui n’en reste pas moins dramatique.