C’était à voir en salle...

par MICHELE LOTH
Publié le 30 octobre 2020 à 15:52

> Adieu les cons

Dans une interview concernant son dernier film, Adieu les cons, Albert Dupontel explique qu’il s’intéresse à ceux qui sont au bout de la chaîne des décisions politiques et économiques, les petites gens qui vivent un drame humain, des gens ordinaires en marge de la société en raison d’accidents de la vie liés à des décisions inhumaines. Trois personnages de ce type se rencontrent et s’unissent pour atténuer le désespoir de l’une d’entre eux, Suze Treppet atteinte d’une maladie incurable provoquée par les sprays qu’elle a utilisés en tant que coiffeuse et qui cherche un enfant dont elle a été séparée lors d’un accouchement à l’âge de 15 ans. JB, informaticien auteur d’un acte suicidaire à la suite d’annonces concernant sa carrière, et M. Blin, archiviste rendu aveugle lors d’une altercation avec la police, vont aider Suze à retrouver le dossier de cet enfant et ce dans des conditions ubuesques. Albert Dupontel alterne les scènes caustiques qui dénoncent la déshumanisation de la société et des scènes plus sentimentales centrées sur la relation amicale qui se noue entre des éclopés de la vie qui selon Virginie Efira ont « un grand besoin de consolation ». Le rire est présent ainsi que les émotions qui émergent de la vision d’une société où il est important selon le cinéaste de comprendre « pourquoi on est devenu con » et comment donner sa chance au bonheur, un choix nécessaire à la survie d’une société qui serait désireuse de préserver son humanité. Virginie Efira, Albert Dupontel et Nicolas Marié déploient tout leur talent au service de ce message humaniste.

> Des hommes

Lucas Belvaux réunit Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin dans un film sur les souvenirs qui émergent de la guerre d’Algérie chez des hommes persuadés d’avoir tourné la page de cette période de leur vie. Bernard, Rabut, Février et d’autres hommes ont été appelés en Algérie dans les années 60. Quand ils sont rentrés de cette guerre longtemps appelée « évènements d’Algérie », ils n’ont pas parlé de ce qu’ils avaient vécu et ont débuté leurs vies de jeunes hommes. Une rencontre en apparence ordinaire en famille et entre amis tel qu’un anniversaire fait ressurgir les souvenirs et le besoin de parler de ces appelés qui ne pouvaient pas raconter « parce qu’il n’y a pas de mots pour le dire » parce qu’« on ne peut même pas imaginer que des hommes avaient fait ça ». Les paroles bousculent une vie en apparence tranquille. Elles sont nécessaires et éprouvantes. Avec son film Des hommes, Lucas Belvaux transmet la parole de ceux qui ont vécu une guerre marquée par des atrocités longtemps tenues secrètes et révèle un passé humain vécu dans la douleur.

Des hommes avec Lucas Belvaux réunit Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin.
© Synecdoche - Artemis Productions Photographe David Koskas