Cinéma

Cette semaine au cinéma

par MICHELE LOTH
Publié le 31 janvier 2020 à 19:03

> Scandale

Le titre américain du film de Jay Roach, Bombshell, est plus révélateur de l’ampleur du scandale révélé par la journaliste Gretchen Carlson qui a accusé Roger Ailes, directeur de la chaîne conservatrice Fox News, de harcèlement sexuel. Le cinéaste s’appuie sur les évènements qui se sont déroulés en juillet 2016 pour réaliser un film factuel et efficace sur le cheminement complexe de journalistes starisées qui prennent le risque de perdre leur emploi et de ternir leur image face à un potentat du pouvoir médiatique, proche de certains pouvoirs politiques et judiciaires, en pleine campagne électorale de Donald Trump. Nicole Kidman, Charlize Theron et Margot Robbie, moulées dans la même apparence blonde et élancée et vêtues d’une robe courte, une tenue exigée par Roger Ailes pour alimenter sa perversion, sont d’excellentes interprètes. Les enjeux stratégiques des médias américains sont abordés avec clarté et la perception des risques qu’encourent les femmes qui veulent faire carrière dans un milieu masculin machiste est au cœur des révélations qui prennent toute leur place dans une actualité brûlante. La réalisation n’est pas très originale mais elle est suffisamment nerveuse pour soutenir l’attention du spectateur plongé dans une époque où les plaintes pour harcèlement sexuel étaient rarement entendues par la justice.

> Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part

Arnaud Viard s’est inspiré librement de nouvelles écrites par Anna Gavalda pour évoquer la fragilité des membres d’une famille soudée par un amour qui cache des fissures intérieures. Jean-Pierre, stable sur le plan familial et professionnel, s’est investi du rôle de l’aîné de la famille à la mort du père et porte sur ses épaules les vies émotionnellement plus instables de son frère et de ses sœurs. C’est le roc que rien ne semble pouvoir ébranler. Mais un évènement inattendu bouscule sa vie routinière. Des sentiments, il y en a beaucoup dans le film, sans doute un peu trop exacerbés et mélodramatiques. Les sourires et les larmes se succèdent face à ces destinées bousculées par des rencontres et des interrogations sur la vie telle qu’elle est ou telle qu’elle pourrait être. Les acteurs, parmi lesquels Jean-Paul Rouve tient le rôle principal, suscitent une empathie pour les personnages qu’ils incarnent et compensent une réalisation agréable mais sans grande surprise.

La llorona
© LA CASA DE PRODUCCIÓN - LES FILMS DU VOLCAN

> La Llorona

Il est important d’évoquer La Llorona car le cinéma est rare au Guatemala mais Jayro Bustamante est là pour montrer qu’il existe. Dans son dernier film, le cinéaste dénonce le silence des autorités sur le passé du pays dans un film politico-fantastique consacré au massacre des Indiens mayas durant la guerre civile qui s’est déroulée de 1960 à 1996. Le film s’ouvre sur le procès du général Enrique, acquitté pour vice de forme, et qui vit cloîtré dans sa maison luxueuse entretenue par des servantes indiennes parmi lesquelles Alma pourrait être «  la llorona », celle qui, selon la légende, hante les esprits coupables. Le film est singulier et horrifique comme l’ont été les massacres évoqués sous la forme de scènes où le fantastique évoque avec puissance la dureté de la réalité.