Le film L’ombre de Staline reprend la thèse du « génocide » perpétré en Ukraine par Staline et connu sous le nom d’Holodomor, ce qui signifie « extermination par la faim ». En 1933, le journaliste britannique Gareth Jones mène secrètement une enquête sur le miracle économique de l’URSS et découvre que Staline vend toutes les récoltes du peuple d’Ukraine, le laissant mourir de faim. Cette thèse, reprise des nazis par Robert Conquest à l’époque de Reagan, est aujourd’hui contestée par des travaux scientifiques. C’est le cas du livre de Mark Tauger paru aux éditions Delga : Famines et transformations agricoles en URSS. L’historien montre que bien loin d’organiser la famine en Ukraine, le régime a réduit ses exportations de blé à partir de ses réserves, ce qui invalide la thèse d’une famine artificiellement créée. D’ailleurs, cette famine toucha toute l’Union soviétique, et non pas seulement l’Ukraine. Il faut rappeler que dans un pays immense comme la Russie, puis l’URSS (mais le raisonnement vaut aussi pour la Chine), les famines furent nombreuses avant le développement industriel et que c’est le régime socialiste qui y mit fin, la dernière étant celle de 1946 quand l’URSS sortit ruinée d’une guerre victorieuse contre le nazisme qui avait fait 27 millions de morts du côté soviétique. Ce film illustre la loi presque aussi importante que celle de la chute des corps : toutes les famines dans les pays communistes sont de la faute des communistes, toutes les autres sont dues aux aléas climatiques.
(Photo : James Norton dans L’ombre de Staline d’Agnieszka Holland. © Robert Palka)