© Emmanuelle Jacobson-Roques – CQMM

Les films à ne pas manquer cette semaine

par MICHELE LOTH
Publié le 8 avril 2022 à 13:04

> L’ombre d’un mensonge Phil, dont on devine le passé par bribes, s’est installé dans l’île de Lewis au nord de l’Écosse, une île du bout du monde où vit une communauté presbytérienne rigoriste et austère qui, le dimanche, s’habille comme au XIXe. Victime d’un AVC qui a pour conséquence une amnésie de la mémoire, Phil reçoit l’aide de Millie. En quête d’amour, Millie lui fait croire qu’ils étaient amants, une passion qu’ils auraient vécue en secret dans le contexte religieux des habitants de l’île. Qui mieux que le réalisateur et acteur Bouli Lanners peut résumer le sens et la sensibilité de l’histoire romantique qu’il a mise en scène dans un cadre naturel prégnant. « Je joue un amnésique qui reprend pied, après un malaise cardiaque, auprès d’une femme célibataire et très croyante qui se fait passer pour sa compagne pour être aimée une fois dans sa vie. Mon personnage, un survivant, accueille cet amour improbable sans sourciller. Il n’a plus de temps à perdre. » Convaincants, Bouli Lanners et Michelle Fairley sont les interprètes subtils d’un homme et d’une femme que la vie réunit dans une quête de bonheurs intemporels et fragiles. Peu importe les non-dits et les mensonges s’ils permettent de forcer le destin. Une réussite tout en délicatesse pour un acteur qui réalise et interprète avec une grande sensibilité un précieux moment de vie.

> En corps Ce n’est sans doute pas l’histoire romancée d’Élise, danseuse classique victime d’un accident sur scène, qui laissera un souvenir inoubliable du film de Cédric Klapisch, mais plutôt le plaisir que nous offrent la danseuse étoile de l’opéra de Paris Marion Barbeau et le chorégraphe Hofesh Shechter dans leurs propres rôles. Danse classique et danse contemporaine sont à l’honneur dans le film En corps avec la présence lumineuse de Marion Barbeau qui s’est mise en congé sabbatique pour en interpréter le rôle principal et avec la chorégraphie de Hofesh Shechter, une chorégraphie mise en valeur par le talent des danseurs et danseuses de sa compagnie. Une découverte pour certains d’entre nous et une redécouverte pour d’autres.

> Azuro Matthieu Rozé a réalisé une adaptation libre du roman de Marguerite Duras Les Petits Chevaux de Tarquinia. Avec un casting séduisant, il met en scène les sentiments d’un groupe d’amis qui se retrouve pour passer l’été dans un village situé entre mer et montagne, un village où il ne se passe pas grand chose et où la torpeur de la chaleur et le train train quotidien réveillent des sentiments contradictoires entre plaisirs et ennui jusqu’au jour où débarque d’un bateau un homme mystérieux qui pourrait devenir l’objet de désirs enfouis. Azuro est un huis clos sensuel à l’atmosphère à la fois étouffante et joviale qui met à l’épreuve les relations au sein des couples et entre amis.