Trois mille ans à t’attendre
Spectateur ou spectatrice dans la salle de cinéma, on peut se remémorer certains souvenirs où l’on ouvrait pour soi-même ou pour le lire aux enfants les pages d’un livre de contes illustrés qui nous emmenait hors du réel. C’est ainsi que George Miller, réalisateur des « Mad Max », propose de nous faire vivre les histoires fabuleuses racontées par la narratrice Alithea sous la forme d’une fresque allégorique qui semble inspirée des « Contes des Mille et une Nuits ». Dans la réalisation du cinéaste, c’est un Djinn qui veut mettre fin à trois mille ans de captivité en suppliant Alithea d’émettre trois vœux qui lui permettraient de retrouver la liberté. Il n’y a guère de surprise dans le déroulé du conte où les bons et les méchants s’opposent lors de scènes spectaculaires pour faire triompher la haine ou l’amour. C’est la forme que prend l’amour qui interpelle la conscience des hommes, un romantisme affiché et interprété avec un certain talent par l’actrice Tilda Swinton et son partenaire Idris Elba. « Trois mille ans à t’attendre » est un film simplement agréable pour vivre un léger moment d’évasion.
La dérive des continents (au Sud)
Lionel Baier aborde la problématique liée à l’accueil des migrants dans les camps de réfugiés par le biais de la personnalité de Nathalie, chargée de mission pour l’Union Européenne. Nathalie est confrontée à des retrouvailles inattendues avec son fils Albert, militant d’une ONG, qui débarque dans le camp de manière insolite au moment où elle prépare la venue « surprise » de Macron et de Merkel.
Le film réalisé par Lionel Baier est déroutant par la multiplicité des événements qui s’entrechoquent. Les critiques grinçantes à l’égard de la politique européenne concernant l’accueil des migrants sont, en effet, perçues parallèlement aux questionnements de Nathalie sur sa vie affective et sur sa relation avec son fils ou son amie. On peut ainsi avoir le sentiment que le drame vécu par les réfugiés, bien qu’évoqué sous la forme d’annonces catastrophiques par les médias, n’est pas perçu avec l’intensité attendue.L’humanisme qui caractérise les personnalités attachées à la dénonciation des conditions d’accueil des réfugiés et à la duplicité des gouvernants reste cependant le point fort de « La dérive des continents ». Le choix des acteurs et actrices dont Isabelle Carré est à l’image du message politique porté par un film qui associe des scènes caustiques à quelques scènes dramatiques qui nous rappellent avec émotion que la mer Méditerranée est à la fois un lieu d’une grande beauté et un immense cercueil.
La Dégustation
Ivan Calbérac adapte au cinéma la pièce de théâtre qu’il a mise en scène au Théâtre de la Renaissance, une pièce qui a reçu la récompense de meilleure comédie aux Molières en 2019. Isabelle Carré et Bernard Campan qui étaient sur scène au théâtre ont endossé les rôles d’actrice et acteur dans le film comme ils l’avaient fait au théâtre. « La Dégustation » est l’histoire d’une rencontre romantique entre une célibataire désireuse d’être mère et un caviste solitaire marqué par les blessures du passé. Jacques et Hortense ont l’opportunité de se rencontrer lors d’une dégustation de vins qui séduisent par leur arôme grisant. Une comédie douce-amère à savourer à sa juste valeur en ces moments de grisaille.
