Notre sélection des films à voir cette semaine

par MICHELE LOTH
Publié le 11 novembre 2022 à 15:58 Mise à jour le 7 novembre 2022

Pacifiction : Tourment sur les îles

Albert Serra a filmé «  le paradis perdu ou les envers du paradis » de l’île de Tahiti en Polynésie française dans une réalisation à la fois fascinante et désarmante avec Benoît Magimel dans le rôle de De Roller, un Haut-Commissaire de la République habitué à régler avec diplomatie des situations délicates. C’est une de ces situations délicates qui va mettre De Roller en porte à faux avec ses supérieurs et avec les autorités militaires. Lors de multiples rencontres que De Roller aborde avec ses bonnes manières et son caractère sympathique, des rumeurs lui parviennent qui sous entendent qu’un sous-marin français a été aperçu dans le Pacifique et que sa présence signifierait la reprise d’essais nucléaires en Polynésie comme ce fut le cas en 1995. Le Haut-Commissaire va mener son enquête au risque de découvrir quelle est sa place réelle dans une sphère politique dont il ne maîtrise pas les véritables enjeux. Ce sont les contrastes de la Polynésie que le cinéaste a voulu filmer, celui d’une île enjolivée par la beauté des sites touristiques et celui plus sombre d’un quotidien vécu par une population locale qui a le sentiment d’être le jouet des pouvoirs politiques hérités du néocolonialisme. Perturbé par la prise de conscience de ces contrastes socio-politiques, De Roller décide de mener une enquête périlleuse sans l’autorisation de sa hiérarchie. « Pacifiction » est un film surprenant où les personnages se croisent dans une atmosphère qui s’alourdit au fil des évènements et qui donne à Benoît Magimel un de ses plus beaux rôles.

Les couleurs de l’incendie

Clovis Cornillac a adapté au cinéma le roman de Pierre Lemaître avec son accord en tant que scénariste. Il a choisi un très beau casting pour assurer la réussite de sa réalisation, Léa Drucker, Benoît Poelvoorde, Olivier Gourmet, Alice Isaaz, Fanny Ardant et il a lui-même endossé le rôle de Lucien. Le scénario est celui d’une femme, Madeleine, qui hérite, en 1929, d’un véritable empire financier à la mort de son père et qui est confrontée à la convoitise de son banquier, convoitise la menant à la ruine avec son fils Paul. Avec l’aide de son ancien chauffeur, elle va assouvir sa vengeance de femme à l’encontre d’hommes dominants et cupides au moment où surgissent « les couleurs de l’incendie  » qui menacent l’Europe. Si le film réalisé par Clovis Cornillac suscite le désir de lire le roman de Pierre Lemaître et de découvrir les œuvres de cet auteur dont « Au revoir là-haut » superbement adapté au cinéma, un des objectifs de la réalisation sera atteint, une réalisation destinée à un large public qui appréciera la présence d’acteurs et actrices attractifs sur les écrans.

Riposte féministe

Le film de Marie Perennès et de Simon Depardon est un documentaire consacré aux femmes qui dénoncent les harcèlements sexistes, les violences sexistes et les féminicides en collant sur les murs des appels à réagir et à se souvenir du prénom de femmes victimes de féminicides, 109 depuis le début de cette année. Les témoignages qui se sont tissés au fil des rencontres et débats ont été recueillis dans de nombreux lieux en France, ils appellent les femmes à exercer leur droit à choisir leur vie. Marina Foïs qui a souvent manifesté son engagement en faveur des droits des femmes est présente en voix off dans ce documentaire qui interpelle la conscience collective.

On peut également découvrir le film d’animation « Charlotte » réalisé par Eric Warin et Tahir Rana, le film de James Gray « Amageddon Time » ou « Trois nuits par semaine » une comédie réalisée par Florent Gouelou.