Notre sélection des films à voir cette semaine

Publié le 9 décembre 2022 à 11:42

>Nos frangins

Pour le réalisateur Rachid Bouchareb «  il y a des sujets de mémoire qui sont difficiles et il faut attendre que la France soit complètement prête à en parler », il estime ainsi que le moment est venu de revenir sur le drame qui a touché deux jeunes Français d’origine algérienne dans la nuit du 5 au 6 Décembre 1986. Durant cette nuit tragique, Malik Oussekine est mort à la suite d’une violente intervention de police contre des manifestations étudiantes s’opposant à la loi Devaquet et Abdel Benyahia, qui s’interposait pour éviter une bagarre devant un café de Pantin, a été tué par un policier ivre.Rachid Bouchareb a choisi des images d’archives pour rappeler les faits dramatiques suivis des réactions politiques dont celles de Pasqua, Mitterrand et Chirac ainsi que les images d’archives impressionnantes sur une grande manifestation de soutien aux familles des jeunes qui ont perdu la vie, une manifestation contre le racisme et pour le « plus jamais ça ». Le réalisateur se penche également sur les réactions plus intimes des familles de Malik et Abdel, des réactions différentes en fonction de leur origine sociale et de leurs capacités à affronter difficilement les autorités pour connaître la vérité, une approche à laquelle n’adhère pas totalement la famille d’Abdel.«  Nos Frangins  » est un très beau film politique et social, salutaire en cette période où certains s’autorisent à déverser des propos de haine et où il est bon de mettre en valeur la richesse des relations sociales fondées sur l’égalité et la solidarité. « Le film a été fait sans colère et avec beaucoup d’amour  », tels sont les propos de l’actrice Lyna Khoudri, comédienne aux côtés de Reda Kateb, Raphaël Personnaz et Samir Guesmi mais ce film n’en reste pas moins un film coup de poing qui a été sélectionné pour représenter l’Algérie aux Oscars 2023.

>Les Pires

Sont-ils « les pires » ou simplement « cabossés par la vie » ces jeunes que les réalisatrices Lise Akoka et Romane Gueret ont remarqués dans un casting sauvage pour jouer dans leur premier film. La réponse devient évidente au fur et à mesure que nous les découvrons dans le quartier Picasso à Boulogne-sur-Mer où Lily, Ryan, Maylis et Jessy ont été choisis en tant que comédiens dans un film fictif mis en scène par Gabriel, un personnage complexe, révélateur de talents chez des adolescents étrangers au monde du cinéma.Les réalisatrices n’idéalisent pas les caractères de ces enfants habitués à la violence des rapports familiaux ou sociaux et dont le langage et les gestes sont sans filtre mais derrière leur carapace transparaissent les émotions et le désir de reconnaissance qui donnent au film, à la fois fiction et documentaire, un caractère ludique lié à l’énergie des jeunes comédiens. Cette énergie et le regard humaniste des réalisatrices ont conquis le jury «  Un certain regard » à Cannes.

>Falcon Lake

Premier film également pour Charlotte Le Bon qui adapte librement pour le cinéma le roman graphique « Une soeur » écrit par Bastien Vivès. La réalisatrice canadienne a choisi une nature somptueuse, celle du Falcon Lake au Canada où les parents de Bastien, 13 ans, ont choisi de passer des vacances, un lieu qui, selon les rumeurs, serait hanté par des fantômes. C’est dans cette nature sauvage que Bastien rencontre Chloé, une adolescente âgée de 16 ans. « Falcon Lake  » est un film aux accents mélancoliques sur les émois amicaux ou amoureux qui sont au cœur de la vie des adolescents ou préadolescents, une histoire d’amour, d’amitiés et de fantômes dans un lieu fantastique qui a inspiré la réalisatrice et les jeunes artistes Joseph Engel et Sara Montpetit.

> Deux documentaires sociopolitiques sont à l’affiche

« Il nous reste la colère », un documentaire réalisé par Jamila Jendan et Nicolas Beirnaert qui rend hommage aux luttes des ouvriers de Ford à Blanquefort pour sauver leur usine. « La (très) grande évasion  » qui démonte les mécanismes de l’évasion fiscale et dénonce les grandes inégalités sociales, un documentaire réalisé par Yannick Kergoat.