- Joyland Le film du cinéaste pakistanais Saim Sadiq nous emmène au coeur d’une famille traditionnelle dont le quotidien, géré par un patriarche autoritaire, est remis en cause par des évènements qui bousculent les rituels imposés par les traditions sociales. Haider vit avec sa femme Mumtaz dans une maison qu’il partage avec son père, son frère et la famille de son frère. Les règles sont définies par les coutumes ancestrales, les femmes au foyer et les hommes au travail mais Haider est au chômage et c’est sa femme qui éprouve un réel plaisir à travailler en tant que maquilleuse. Sous la pression de son père, Haider doit trouver un travail et c’est le cas lors d’une rencontre avec un ami qui lui propose de devenir danseur dans une petite troupe de cabaret, un métier peu recommandable aux yeux du patriarche et une obligation pour Mumtaz d’abandonner son travail afin de respecter les coutumes. Pour Mumtaz, la vie devient celle d’une femme dont le quotidien est marqué par l’ennui des tâches ménagères mais pour Haider ce nouveau travail est une révélation. Il découvre la danse et il rencontre Biba, une danseuse transgenre qui le fascine. Il ne faut pas en révéler davantage sur ce film qui traduit avec précaution et délicatesse les sentiments fougueux ou douloureux d’hommes et de femmes enfermés dans un carcan social qu’ils pourraient être amenés à transgresser quitte à provoquer un séisme familial. La mise en scène, récompensée du prix du jury « Un Certain Regard » à Cannes, est intime et bouleversante. Les acteurs et actrices sont une révélation pour un public qui découvre le premier film pakistanais présenté à Cannes, une très belle et émouvante révélation.
- La Passagère Chiara et son mari Antoine exercent à leur compte la profession de marin pêcheur, un métier difficile et aux revenus affaiblis par la concurrence liée aux conséquences du Brexit. Le couple décide d’embaucher un apprenti pour les aider et c’est ainsi que le jeune Maxence entre dans leur vie. Le sentiment que l’on peut éprouver à la projection du film d’Héloïse Pelloquet est mitigé car on a la sensation de n’être ni surpris ni enthousiasmé par une histoire somme toute banale, celle d’une découverte sensuelle entre une femme en quête de plaisirs nouveaux avec un jeune homme qui s’initie aux plaisirs amoureux. Reste le talent de Cécile de France qui porte le film de bout en bout avec à ses côtés le jeune acteur Félix Lefebvre, ce qui n’est peut être pas suffisant pour apprécier totalement un film dont les scènes sont un peu répétitives.
- Les Banshees d’Inisherin Le cinéaste Martin McDonagh a réalisé un film qui dérange tout autant qu’il fascine par sa réalisation et par l’interprétation de deux acteurs somptueux, Colin Farrell et Brendan Gleeson, dans les rôles de Colm et de Padraic, deux anciens amis qui se retrouvent sur une île reculée au large des côtes irlandaises. L’ancienne amitié entre les deux hommes est interrompue par Colm mais Padraic va user de tous les moyens pour renouer avec son ami, tous les moyens y compris des moyens très surprenants qui donnent au film une dramaturgie tout à la fois sentimentale, absurde, ironique et cruelle. Un film qui peut diviser ou susciter le plaisir d’une découverte atypique.
Les sorties de la rentrée De nombreuses sorties ce mercredi 4 janvier parmi lesquelles Tirailleurs, 16 ans, Cet été-là, Les Survivants et d’autres découvertes pour une rentrée cinéma 2023 riche en diversité.