Quelques films à découvrir

par Michèle Loth
Publié le 18 octobre 2019 à 18:07

>Papicha

Nedjma et ses amies sont étudiantes en Algérie dans les années 1990. À la nuit tombée, elles sortent en cachette de la cité universitaire pour aller danser dans une boîte de nuit où Nedjma vend les robes qu’elle a créées pour les papichas, nom donné aux jeunes filles coquettes. Ces jeunes étudiantes se projettent dans un avenir où les femmes pourront vivre librement mais les groupes islamistes montent en puissance et font régner la peur en engageant une guerre civile pour accéder au pouvoir et en menaçant de mort les femmes qui ne portent pas le jilbab. La décennie du terrorisme a provoqué la mort de milliers d’Algériens et l’exil de démocrates ou d’intellectuels, dont les parents de la réalisatrice Mounia Meddour.

Papicha est un film sombre et lumineux. Aux actes de violence oppressants à l’égard des jeunes filles, Nedjma et Vassila opposent leur soif de vivre, leur envie de porter de jolis vêtements, de se maquiller et de rire entre amies. Marquée par l’assassinat brutal de sa soeur, Nedjma décide de résister à la barbarie islamiste en organisant un défilé de mode. Elle choisit de créer ses robes avec un tissu symbolique, le haïk blanc que portaient les combattantes algériennes en lutte pour l’indépendance de leur pays.

Mounia Meddour rend un ardent hommage aux luttes que les femmes ont menées face à l’obscurantisme fondamentaliste. Combats qu’elles mènent encore aujourd’hui en étant nombreuses dans les manifestations qui se déroulent en Algérie pour obtenir une représentation démocratique et sociale du peuple algérien. Lyna Khoudri, Shirine Boutella et l’ensemble des actrices sont impressionnantes dans un film puissant et bouleversant. Interdit en Algérie, Papicha a obtenu une dérogation pour sa participation aux Oscars, une victoire pour les femmes qui veulent aller au bout de leurs rêves comme en témoignent Nedjma, Vassila et tant d’autres courageusement engagées hier et maintenant pour la défense de leurs droits.

> La fameuse invasion des ours en Sicile

Les talents de Lorenzo Mattoti, dessinateur et auteur de bande dessinée, associés à ceux de l’écrivain Dino Buzzati, procurent le plaisir de découvrir un film d’animation d’une rare qualité. Quand un hiver rigoureux menace la vie des ours, le roi Léonce décide de rejoindre la plaine où vivent les hommes, espérant y retrouver son fils Tonio enlevé par des chasseurs. Le tyran qui est à la tête du royaume engage des combats contre les ours qui espéraient une cohabitation pacifique avec les hommes. Le graphisme et les couleurs choisies par l’illustrateur magnifient un spectacle vivifiant qui soulève de nombreux enjeux sur les risques de dérives liés au pouvoir, ce que découvre le roi Léonce après sa victoire contre la tyrannie. Le film d’animation ponctué de très belles scènes, telles la valse des fantômes ou celle du spectacle de cirque avec Tonio et la jolie Almerina, offre un beau moment de cinéma destiné à un large public.