Quelques films à découvrir

par Michèle Loth
Publié le 25 octobre 2019 à 17:30
  • Hors Norme

Le film d’Éric Toledano et Olivier Nakache est l’histoire d’une rencontre entre les cinéastes et deux associations, Le silence des justes, qui accueille des jeunes autistes qualifiés d’« hyper complexes » pour lesquels il n’est pas prévu de lieu de vie et Le Relais Île-de-France qui accueille des jeunes en difficulté sociale. C’est également la rencontre entre ces jeunes et deux acteurs, Vincent Cassel et Reda Kateb, qui se sont immergés dans le quotidien de ces associations pour interpréter le rôle d’éducateurs engagés dans un combat auquel ils croient, l’insertion dans la société de personnalités « hors norme ».

Pour de nombreuses familles concernées par la question du suivi des jeunes autistes sévères et qui éprouvent un sentiment d’abandon, le film est une manière sensible d’éveiller l’opinion à ce drame vécu douloureusement en l’absence d’investissements des services publics pour répondre aux besoins spécifiques de leurs enfants.

Pour le spectateur qui assiste à la projection du film, c’est une découverte empreinte d’émotion et de prise de conscience de la nécessité d’interpeller les élus comme l’ont fait les réalisateurs en projetant le film à l’Assemblée nationale.

Hors Normes est une bombe sociale, politique et humaine alliant l’intelligence, l’émotion et l’humour. Le film montre la complexité du parcours chaotique des jeunes du Silence des justes qui apprennent à amorcer une vie sociale grâce aux échanges interactifs avec les jeunes du relais Île-de-France et avec l’aide des éducateurs et des bénévoles.

La symbiose entre les acteurs et les jeunes est révélatrice d’un énorme travail fait en amont par l’équipe cinématographique. Les réalisateurs voulaient faire un film intense et juste. Ils ont atteint leur objectif. Les responsables des associations et les jeunes accueillis dans les deux centres donnent une image combative de l’engagement social et éducatif. Un film qui marque les esprits.

  • Sorry We Missed You

Ken Loach est un cinéaste engagé et il le revendique. Considérant qu’« un film peut prendre part au débat public et mener les gens à agir », il actualise sa critique à l’égard de l’économie capitaliste en dénonçant les conséquences désastreuses de l’ubérisation dans la vie d’une famille populaire qui cherche à améliorer son quotidien.

Ricky et Abby vivent à Newcastle avec leurs deux enfants. Abby travaille auprès des personnes âgées et Ricky enchaîne les petits boulots. Pour permettre à Ricky de saisir l’opportunité de devenir chauffeur- livreur à son compte et de faire l’achat d’une camionnette, Abby est amenée à vendre sa voiture. L’espoir se transforme en piège illusoire et la famille endettée est ébranlée par les absences de Ricky contraint à de lourds horaires très mal rémunérés.

Ken Loach s’est inspiré de documentaires sur l’ubérisation et il a choisi Kris Hitchen et Debbie Honeywood pour interpréter les rôles des parents, des acteurs qui vivent remarquablement le parcours émotionnel et la colère de travailleurs dupés par une proposition de travail qui s’avère mensongère et oppressive. Sorry We Missed You est un film humaniste, à l’image de son réalisateur.