©Laurent Le Crabe

Saint Omer : un César pour Alice Diop

Publié le 6 mars 2023 à 15:34

C’est au tribunal de Saint-Omer qu’Alice Diop a fixé le cadre de son film éponyme. Un drame inspiré par un terrible fait divers, l’abandon sur une plage d’un nourrisson par sa mère.

La cinéaste Alice Diop, 44 ans, a remporté le César du meilleur premier film, pour Saint Omer qui relate le procès d’une mère infanticide et inspiré d’une affaire judiciaire récente. Le trophée en main, elle a déclaré : « Je voulais juste dire que je suis fière d’appartenir à une nouvelle génération de cinéastes françaises. Cette année, j’ai vu des films extraordinaires qui m’ont fait réfléchir aux possibilités du cinéma et je voudrais citer ici des films qui m’ont complètement inspirée : des films de Claire Denis, le film de Rebecca Zlotowski, le film de Mia Hansen-Love, le film d’Alice Winocour, le film de Céline Devaux, de Blandine Lenoir... Merci. On ne sera ni de passage, ni un effet de mode. On est appelé à se renouveler année après année, à s’agrandir. Merci à vous les filles. Merci d’être là. » Alice Diop est une documentariste reconnue, mais, avant Saint Omer, elle n’avait pas encore réalisé de fiction, ce qui lui a permis de concourir dans cette catégorie.

Un film multiprimé

Film de procès cérébral et radical, qui ambitionne d’explorer « la grande question universelle » de notre « rapport à la maternité » selon sa réalisatrice, Saint Omer a reçu des critiques louangeuses depuis sa présentation à la Mostra de Venise, où il a eu à la fois le grand prix du jury et le prix du premier film. Il a ensuite gagné notamment le prix Louis-Delluc, ex-aequo avec Pacifiction d’Albert Serra.

Procès d’une femme noire

Le film raconte le procès de Laurence Coly, interprétée par Guslagie Malanda, une immigrée sénégalaise accusée d’avoir tué son bébé de 15 mois en l’abandonnant sur une plage du nord de la France à marée montante. Centré sur le procès, Saint Omer s’inspire directement d’un fait divers de 2013 et du procès qui a suivi. En racontant l’histoire d’une femme noire dans un tribunal où elle fait face à un auditoire quasi-exclusivement blanc, le film fait aussi écho aux réflexions de sa réalisatrice sur l’identité ou les stéréotypes liés au genre et à l’origine.

Synopsis du film Rama, jeune romancière, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d’assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de 15 mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Cependant, au cours du procès, la parole de l’accusée, l’écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama et interrogent notre jugement.

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Pas-de-Calais