« Les Estivants »

Toute ressemblance n’est pas fortuite…

par MICHELE LOTH
Publié le 7 février 2019 à 16:13

Quatrième réalisation de Valéria Bruni Tedeschi, Les Estivants laisse à sa distribution le loisir de jouer la comédie du bonheur...

« Une vie de cinéma donne un peu de sens, de lumière à la confusion, de voix à la douleur ». Telle est l’interprétation que donne Valeria Bruni Tedeschi à son film Les Estivants qu’elle présente comme une « autobiographie imaginaire ou inventée » sur des proches « embêtés, blessés ou en colère ».
La femme blessée est Anna qui veut réaliser un film sur son frère décédé à cause du SIDA avec son compagnon Lucas dans le rôle principal, mais Lucas la quitte pour une autre femme et c’est sans lui qu’elle rejoint sa famille et des amis réunis dans une grande propriété du sud de la France. Abandonnée par l’homme dont elle est follement amoureuse, Anna est actrice et spectatrice d’une pièce de théâtre consacrée à ses proches et dont certains membres sont sur le devant de la scène alors que d’autres interprètent leurs rôles en coulisses.

Valeria Bruni Tedeschi.
© Ad Vitam

Tensions et blessures

La famille italienne d’Anna et ses amis sont au centre de la pièce qui réveille la douleur des séparations et celle de secrets longtemps enfouis. Chacun joue la comédie du bonheur apparent dans le cadre d’une belle propriété avec un sublime jardin, la piscine, la proximité de la mer et les repas servis par un personnel attentif au confort des estivants. La façade se fissure progressivement, laissant apparaître les tensions et blessures internes à la famille et aux amis mais également les blessures que ressentent les domestiques qui rejettent la bienveillance paternaliste de leurs patrons et revendiquent le respect de leurs droits sociaux et de leur dignité.
Les Estivants est un film choral qui donne à chaque acteur l’opportunité d’exprimer sa sensibilité, une sensibilité qui nous touche peut-être davantage quand apparaissent sur les écrans Valeria Bruni Tedeschi, Noémi Lvovsky, Yolande Moreau ou Bruno Raffaelli, acteur et chanteur dans un film porté par la remarquable composition musicale « italienne » réalisée par Paolo Buonvino.
Avec un scénario aux multiples aspects et à l’image d’une vie où les rêves illusoires se confrontent à la réalité, la réalisatrice explique que dans son film elle n’a pas seulement voulu parler d’elle mais également d’un monde autour d’elle, un monde plus universel.
Après Il est plus facile pour un chameau..., Actrices et Un château en Italie, Valeria Bruni Tedeschi réalise ici son quatrième long-métrage de fiction. Un film singulier et délicat.