Cadre politique régional, Manuel Lopez-Vidal est un homme nerveux et pressé d’accéder à la direction de son parti. Les tractations en cours pour cette accession se heurtent subitement à un obstacle majeur : son ami politique Paco, soupçonné de corruption par la justice espagnole, est arrêté, une arrestation mettant en cause l’ensemble des dirigeants du parti qui décident de choisir un fusible pour neutraliser les poursuites judiciaires contre des personnalités haut placées. Ce fusible sera Manuel Lopez.
Dans un thriller aux rebondissements spectaculaires et haletants, Rodrigo Sorogoyen choisit de suivre un homme qui cherche fébrilement les preuves accablantes contre les dirigeants de son parti qui le livrent en pâture à la justice pour sauver leur avenir politique gangrené par la corruption.
Dans sa quête fébrile des preuves qu’il tente d’accumuler et qu’il finit par découvrir, Manuel Lopez pourrait susciter une empathie troublante remise en question par le réalisateur dans une dernière scène époustouflante.
Sans nommer le parti mis en cause dans El Reino, on pense aux procès qui ont agité la vie politique espagnole ces dernières années, qui ont fait prendre conscience de l’existence d’une corruption politique de grande ampleur et suscité de nombreux questionnements à l’égard des dirigeants politiques du pays.
Rodrigo Sorogoyen pénètre habilement le monde fermé de certains élus qui privilégient leur carrière et leur enrichissement personnels au détriment d’électeurs qui leur ont fait confiance.
Dans ce tableau à la conclusion inattendue, le rôle de Manuel Lopez est interprété par Antonio de la Torre qui exprime admirablement les contradictions d’un homme tentant d’échapper à la révélation d’une vérité qui le concerne tout autant que les autres dirigeants politiques.
Polar politique implacable, El Reino s’avère d’une efficacité remarquable.
