Dans son film France, Bruno Dumont dévoile les effets néfastes de reportages mis en ligne sur certaines chaînes d’informations qui privilégient le côté spectaculaire d’évènements graves à l’analyse de ces évènements. Les effets néfastes de ces reportages ont des incidences sur les téléspectateurs mais ils peuvent en avoir également sur des journalistes enfermés dans l’engrenage d’un vedettariat qui met en lumière un orgueil démesuré et une addiction aux sondages d’opinion sur leur prestation télévisée. C’est le cas de France dont l’itinéraire s’avère plus complexe que ne le montrent les premières scènes du film.
Buzz et course à l’audimat
Dans un contexte où le rôle des médias est dominé par la recherche d’un excellent audit quelle qu’en soit la forme, France de Meurs est une journaliste peu sympathique appréciée par les responsables de sa chaîne télé car elle « fait le buzz » sur ses reportages, accompagnée par sa collaboratrice Lou scotchée sur son téléphone pour prendre connaissance des scores d’audience. Un évènement particulier bouleverse la carrière de France, star de la télé, et l’amène à s’interroger sur sa vie de journaliste et sa vie de femme. Le film de Bruno Dumont devient dès lors plus intime et par moments plus émouvant.
Humour grinçant
Le cinéaste dénonce avec un humour grinçant l’évolution de certains médias ainsi que les limites de cette évolution qui détruit progressivement les convictions de France dont le rôle central est interprété par Léa Seydoux. Aux côtés de Léa Seydoux, Blanche Gardin est très convaincante dans l’interprétation du personnage de Lou qui justifie sa carrière et celle de France en lui expliquant qu’à « la télé le pire c’est le mieux ». Après avoir vu le film de Bruno Dumont on retiendra son engagement humaniste, ses craintes concernant la dureté de notre société, de très beaux moments d’émotion et d’autres un peu moins convaincants. On gardera en mémoire l’accompagnement musical de Christophe et la toute dernière scène que nous offre le cinéaste pour imaginer un autre futur.