Parasite

Une gouffre féroce entre deux classes sociales

par Michèle Loth
Publié le 19 juin 2019 à 16:20

La Palme d’or délivrée au Festival de Cannes est parfois sujette à quelques polémiques mais cette année l’enthousiasme quasi unanime l’a emporté en faveur de Parasite , un film magistral et saisissant réalisé par le cinéaste sud-coréen Bong Joon Ho.

La famille Taek survit dans les sous-sols d’un quartier populaire grâce à des petits boulots et des combines à la limite de la légalité. Le fils Ki-Woo saisit l’opportunité de donner des cours d’anglais à la fille des Park, une famille des quartiers riches de la ville. Découvrant l’aisance de cette famille et la beauté des lieux, Ki-Woo et son père imaginent un stratagème pour s’immiscer dans la vie quotidienne des Park et en tirer les bénéfices financiers qui leur permettront de sortir de la misère.

Suspense angoissant et corrosif

Le film se présente sous la forme d’un thriller social et politique. Chaque scène nous plonge dans l’engrenage des relations inconciliables et sourdement explosives entre les Park et les Taek. Les Park affichent une amabilité paternaliste à l’égard de leurs domestiques à condition que les limites soient respectées entre maîtres et serviteurs. Les Taek, fascinés par le plaisir que procure la possession de richesses auxquelles ils n’ont pas accès, se laissent griser par des rêves inaccessibles jusqu’au jour où la réalité se transforme en cauchemar.

Bong Joon Ho crée un suspense angoissant et corrosif sur le fossé inextricable entre deux classes sociales dont l’une possède le pouvoir et l’argent tandis que l’autre ne possède rien. Les scènes filmées dans les deux quartiers de la ville sont symboliques et terrifiantes, des scènes dans lesquelles tous les acteurs s’impliquent avec talent. Parasite est un film burlesque, satirique et féroce, un film dont la portée politique marque les esprits.