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Avec Isamu Noguchi, le LaM s’offre une première nationale

par Nadia DAKI
Publié le 17 mars 2023 à 16:55

Le LaM (Lille métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut) vient de passer l’âge de la maturité. Après quatre décennies d’expositions ambitieuses, il continue de conforter sa place de musée régional à dimension internationale. Retour sur ses débuts difficiles.

Le LaM, situé à Villeneuve d’Ascq, a décidé de marquer le coup pour ses 40 ans. D’abord avec l’exposition consacrée à Isamu Noguchi au printemps puis celle dédiée à Anselm Kiefer à l’automne. Pourtant, l’histoire du musée n’a pas été un long fleuve tranquille. Inauguré en 1983, il fait 20 000 entrées lors de sa première année. Arrivée en 1987, Joëlle Pijaudier-Cabot en sera la directrice et conservatrice en chef pendant 19 ans. Elle se souvient encore des débuts laborieux. « Les murs étaient certes là, mais tout était à faire, raconte-t-elle. Nous avons développé les collections d’art moderne et contemporain et créé un service éducatif. »

À la recherche de son public

Local, régional, frontalier, le public peine à fréquenter le musée dans les années 90. Jean-Michel Stievenard, maire de Villeneuve d’Ascq de 2001 à 2008, s’est occupé du développement du musée aux côtés d’Ivan Renar, pendant vingt-cinq ans. « La conquête du public a été difficile, se souvient-il. En 1984, on fait encore 20 000 entrées. Puis en 1986, le nombre de visiteurs est passé à 60 000 et ensuite, les chiffres ne sont plus jamais redescendus. » Des expositions plus ambitieuses commencent à se monter. « La grande exposition consacrée à Fernand Léger en 1990 donne un rythme, ouvre le musée à un public plus large mais aussi à l’art moderne », explique Joëlle Pijaudier-Cabot. Le point d’orgue est atteint en 2004. Dans le cadre de Lille Capitale européenne de la culture, le musée programme l’exposition Mexique- Europe. Succès garanti puisque 180 000 visiteurs s’y sont rendus. Dans le même temps, un projet d’extension se concrétise. « Un musée qui ne s’élargit pas n’augmente pas sa gamme, estime l’ancien édile. La collection Masurel est certes fascinante mais quand on l’a vue cinq fois, on ne va pas la voir une sixième fois. L’arrivée d’une collection d’art brut était le bon prétexte pour justifier cette extension. »

De l’extension au risque de fermeture

Décidée en 2000, elle est inaugurée en 2009 après de multiples péripéties. « C’est la première fois que Pierre Mauroy m’a fait du “stop and go”, souffle-t-il. Il avait quelques réticences à l’idée de mélanger art moderne et art brut. » De plus, les financements des collectivités sont, un temps, en suspens. « Ce fut une partie de bras de fer douloureuse d’au- tant plus qu’une fois les subventions garanties il a fallu articuler l’extension sur l’ancien musée et là on a découvert des irrégularités sécuritaires, notamment en termes d’installations électriques. Un rapport préconisait même la fermeture du musée », indique-t-il, encore médusé. Aujourd’hui, sa renommée n’est plus à faire. « C’est un musée qui a su développer ses collections tout en travaillant avec des grands musées internationaux en coproduction pour des expositions qualitatives très attractives, partage avec fierté Joëlle Pijaudier-Cabot. C’est le résultat du travail des conservateurs et directeurs successifs et de la volonté d’élus enthousiastes comme Jean-Michel Stievenard, Pierre Mauroy et Ivan Renar. » Malgré un parcours semé d’embûches, l’ancien maire en est convaincu, l’avenir du musée passe par une nouvelle extension. « C’est une évidence », sourit-il.

180 000 Visiteurs pour l’exposition Mexique-Europe, c’est le pic de fréquentation en 2004 202 expositions ont été réalisées en 40 ans

Isamu Noguchi du 15 mars au 12 juillet

Première grande rétrospective en France de l’artiste nippo-américain, l’exposition s’articule autour de 250 œuvres, pour certaines jamais exposées en France voire en Europe. « Certaines pièces ont eu une visibilité toute relative en France. Pour préparer l’exposition, ce fut long. Les négociations ont commencé avant le Covid. Aujourd’hui, avec des coûts de transport qui ont flambé, plus de 40 % sur le fret, on ne pourrait plus monter cette exposition. Il faudra même attendre 20 à 30 ans pour espérer le faire  », insiste Sébastien Delot, directeur-conservateur du LaM. Inédite donc. Fin dentelier de la matière, Isamu Noguchi mélange les matériaux (dessins, sculptures, laiton, marbre, etc.). Il maîtrise également le mouvement et la lumière. C’est d’ailleurs le créateur des Akaris, ces lampes, souvent rondes ou ovales, en papier.

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