Trois expositions à Labanque

L’art nigérian s’expose dans une installation riche en nuances et en sensibilité

Publié le 13 mars 2020 à 18:40

Labanque tire son nom de la fonction première de ce bâtiment, construit en 1910 à Béthune, pour répondre aux besoins financiers et monétaires de la région alors en pleine essor. C’est, depuis 2007, un centre de production et de diffusion d’arts visuels. Elle accueille, jusqu’au 28 juin, l’exposition « Layers » qui allie le plaisir des yeux à la découverte de l’art nigérian. L’ancien hall d’accueil du rez-de-chaussée est consacré à une rétrospective allant de 1960 (date de l’indépendance du pays) jusqu’à nos jours.

Même si l’art primitif est présent dans cerbanque tire son nom de la fonction première de ce bâtiment, construit en 1910 à Béthune, pour répondre aux besoins financiers et monétaires de la région alors en pleine essor. C’est, depuis 2007, un centre de production et de diffusion d’arts visuels. Elle accueille, jusqu’au 28 juin, l’exposition « Layers  » qui allie le plaisir des yeux à la découverte de l’art nigérian. L’ancien hall d’accueil du rez-de-chaussée est consacré à une rétrospective allant de 1960 (date de l’indépendance du pays) jusqu’à nos jours. Même si l’art primitif est présent dans certaines œuvres, c’est avant tout leur diversité qui est séduisante. Toutes venues de collectifs d’artistes, elles se distinguent par leur enracinement évident à la culture locale, mais surtout par l’appropriation de l’art occidental. Les deux se nourrissent mutuellement, s’enrichissent de leur voisinage. C’est un voyage qui nous fait alors passer, au rythme des toiles, de la vieille Europe au Nigeria pré-colonial.

Abraham Oghobase vue de l’exposition silex de face et de profil 2019
© Marc Domage

Une critique constructive

Il faut emprunter l’escalier d’honneur pour accéder à ce qui était alors le logement du directeur de la banque. Intérieur luxueux et bourgeois de style haussmannien, cheminée, marbre et parquet en chêne, ces cinq pièces accueillent les œuvres de Mary Evans. Artiste nigériane née en 1963 à Lagos, elle a grandi en Angleterre. Son œuvre est sans conteste le plus bel exemple d’une critique constructive et sans haine des méfaits de la colonisation. Au milieu d’assiettes peintes de portraits d’hommes et de femmes noires qui ont œuvré pour les droits civiques et l’abolitionnisme, nous découvrons sans doute la pièce la plus émouvante de son exposition. Gingerbread est composée de petits personnages en pain d’épice, disposés comme pouvaient l’être les hommes, femmes et enfants transportés dans les navires négriers du 18ème siècle

Son art est sensible, tout en nuance. Le deuxième étage regroupe les œuvres d’Abraham Oghobase. Anciennement documentaliste, il est aujourd’hui photographe plasticien. Par la puissance des photos grand format, ses lithographies, et ses installations, l’artiste montre, avec poésie et rigueur scientifique, la géologie d’un pays transformé par l’exploitation des terres et des minerais. Paysages ravagés, diagrammes, silex, tout a un sens dans ce travail somptueux, précis et savant. C’est donc un lieu et une exposition à découvrir absolument. Si toutes les gences bancaires qui polluent nos centres- villes se transformaient en musées, nous serions sans doute bien plus riches. Pas vrai ?