Le Festival de l’Acharnière invite à découvrir les Hauts-de-France à travers la production cinématographique et audiovisuelle régionale de l’année écoulée. Films, rencontres et discussions, autant d’aventures humaines.
Fidèle à ses convictions
L’association Une Aventure délicate offre ainsi aux réalisateurs de fictions et de documentaires, aux photographes et au public la possibilité de confronter leurs idées, d’élargir et enrichir leurs points de vue. Un hommage est rendu à Guy Hennebelle (1941-2013), journaliste et éditeur, qui a créé en 1978 avec Monique Martineau la revue CinémAction pour se dégager de la cinéphilie traditionnelle au moyen de dossiers en prise sur les réalités politiques et sociales (luttes des minorités, femmes, ouvriers, paysans, émigrés), chaque dossier proposant une vision plurielle (une vingtaine de contributions). Quant aux textes de Guy Hennebelle, ils sont le produit d’une « aventure du siècle » (décolonisation plus apparente qu’effective, tiers-monde). Les titres de ses ouvrages le confirment : Cinéma africain, Guide des films anti-impérialistes, Cinémas de l’émigration...
Poursuivant son chemin en franc-tireur, à l’abri des modes, pensant politiquement le passé et historiquement le présent, il a toujours été habité par une double exigence d’exactitude et d’attention à l’humain, sans pour autant oublier les questions théoriques et les écoles esthétiques. Une œuvre nourricière qui permet au spectateur de disposer de références inentamables et de construire sa liberté. Regard sans exclusive allié à une intelligence du monde... Monique Martineau et Guy Hennebelle regardaient dans la même direction, se complétant parfaitement. En 2018, elle fait paraître, à l’occasion des quarante ans de CinémAction , les Chroniques de naissance du cinéma algérien. Guy Hennebelle, un critique engagé , une sélection de ses articles écrits dans le quotidien El Moudjahid sous le nom de Halim Chergui.
Palestine, Vietnam et Algérie
Cinq films de la réalisatrice franco-palestinienne Norma Marcos seront projetés en sa présence, depuis celui de 1954, L’Espoir voilé , jusqu’à Un long été brûlant en Palestine , 2014, dans lequel elle raconte la guerre à Gaza vue depuis la Cisjordanie et vécue au quotidien par des femmes palestiniennes et sa nièce Yara, seize ans. Est-il possible de préserver l’innocence des enfants dans ce contexte d’occupation, de tensions et d’affrontements ? Les Palestiniens poursuivent néanmoins la construction de leur société où coexistent oppression et beauté, ils essaient de vivre « normalement » car la vie continue.
Au Vietnam, dans des villages et hameaux au nord du 17 e parallèle, où la mort pouvait venir de la mer, du ciel et de la terre, hommes, femmes et enfants ont inventé de nouvelles façons de vivre. Marceline Loridan (1928-2018) et Joris Ivens (1898- 1989) ont signé une vingtaine de films sur la vie des peuples en lutte sur les cinq continents dont ce 17 e Parallèle , 1967, un hymne au courage d’un peuple qui a mis en échec la puissance militaire américaine.
La guerre est vécue comme un cataclysme contre lequel on s’organise : aucune précipitation, le calme en toutes circonstances (travail dans les champs, les rizières et maniement des canons anti- aériens). Hôpital, école, crèche et magasin sont sous terre, chaque Vietnamien fait corps avec cette terre matricielle. Dès 1962, avec Jean-Pierre Sergent, Marceline Loridan réalise Algérie année zéro , un documentaire sur les débuts de l’indépendance algérienne, film interdit en France et en Algérie où la reconstruction (conduite des affaires, éducation, santé, réforme agraire) ne s’effectuera pas sans difficultés ni tiraillements.
