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Festival

Premiers échos du Festival Next 2021

par PAUL K’ROS
Publié le 13 décembre 2021 à 10:45

Depuis le 12 novembre le Festival Next nous offre la possibilité dans 16 villes et villages de Belgique et du Nord de la France de découvrir les propositions artistiques de Compagnies de tous horizons et toutes disciplines. Danse et performances se taillent la part du lion des 63 représentations prévues (si tout va bien) jusqu’au 4 décembre. Dans tous les cas c’est un regard sensible sur le monde et les problématiques d’aujourd’hui qui nous est proposé. On trouvera ci-après de premiers échos de ce festival par-dessus les frontières.

Milo Rau, la mort en direct

Roubaix, les spectateurs occupant les gradins de l’auditorium de La Condition publique pour assister à la pièce de Milo Rau Grief & Beauty, découvrent, vu en coupe panoramique, un modeste appartement style rétro des années 60, salle de bains toilettes, chambre à coucher avec lit médicalisé et téléviseur, cuisine, prolongé par une banquette de quatre sièges où s’installeront à tour de rôle les comédiens de la compagnie NT Gent en attente de relater au public leur parcours de vie et leur relation à la mort. Nous entendrons ainsi les récits du comédien Gantois Arne de Tremerie, tout de juvénile complicité avec le public ; de l’ex- présentatrice culinaire et, dit-elle, gardienne de chiens au NT Gent Anne Deylgat au sourire singulièrement moqueur : de la performeuse Princess Esatu Hassan Bangura égrenant avec une familière aisance ses souvenirs de la Sierra Leone aux Pays-Bas et enfin de leur aîné Gustaaf Smans, né dans une ferme en Campine, devenu acteur par hasard au moment de la retraite qui passera une bonne partie de la soirée alité sous le regard attentif et aux bons soins des trois autres non sans avoir dispensé, comme en s’excusant ses recettes de vie simple. Qu’ils s’adressent frontalement aux spectateurs ou que leurs propos soient captés par caméra interposée et projetés sur écran leurs récits regorgent de quotidien vécu dont la banalité même est porteuse d’une grande humanité. Parallèlement nous assisterons sur le grand écran surplombant la scène à un intime adieu à la vie enregistré, filmé de Johanna, une dame au visage fin et rayonnant aux yeux pétillants d’intelligence qui a choisi de partir volontairement, sourire aux lèvres comme elle dit à ses proches dont on devine la présence. Rappelons que la Belgique est actuellement un des rares pays où cet acte d’euthanasie volontaire est légalement autorisé sous conditions médicales strictement encadrées. Il faut l’avouer cette mort en direct spectaculaire suscite chez le spectateur une intense et persistante émotion pouvant aller jusqu’au malaise. On peut alors s’interroger sur la pertinence de sa théâtralité dans la pièce de Milo Rau Grief & Beauty tant elle apparaît en décalage avec les propos tenus sur scène qui, malgré la qualité de leur contenu très disparate, peuvent sembler du coup bien futiles voire dérisoires. Notre parcours dans Next se poursuivra avec le Mapa teatro Colombien au Phénix de Valenciennes. À suivre donc...

Next, théâtre, dance, performance du 12 novembre au 4 décembre. Infos et réservations : nextfestival.eu.